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Décès de Pierre Péan

Pierre Péan

Décès de Pierre Péan

Auteur de plusieurs livres d'enquête sur les personnalités politiques, l'Afrique, l'Occupation et les médias, Pierre Péan avait 81 ans.

Par Vincy Thomas
avec afp Créé le 26.07.2019 à 12h01

Le journaliste et auteur Pierre Péan est mort jeudi, a annoncé L'Obs. "Pierre Péan, le grand journaliste d’investigation, est mort jeudi soir 25 juillet à l’âge de 81 ans", a annoncé l’hebdomadaire sur son site internet, saluant "l’un des plus grands journalistes d’enquête français".  Christophe Nick, auteur avec Pierre Péan d'un livre-enquête sur TF1, a également annoncé ce décès sur sa page Facebook: "C'est terrible. Le Patron, Pierre Péan, mon ami, est parti ce soir."

Enquêteur chevronné ayant pour sujets de prédilection l'Afrique, les médias et la face cachée des personnalités politiques, avec notamment le passé trouble de l'ex-président socialiste François Mitterrand pendant l'occupation nazie, Pierre Péan s'est fait connaître avec ses investigations fouillées au long cours, qu'il publiait à raison d'un livre tous les un ou deux ans. Ses ouvrages provoquaient souvent des polémiques médiatiques et politiques assez fortes, jusqu’à le conduire parfois au Tribunal. Certains de ses ouvrages l’ont davantage exposé aux critiques qui ont souligné sa partialité ou son révisionnisme des faits sur certains sujets. La presse d’extrême-droite a ainsi souvent récupéré certaines de ses enquêtes pour conforter ses idées.

Mitterrand

Pierre Péan a écrit en 1994 avec Une jeunesse française : François Mitterrand 1934-1947 (Fayard), dans lequel le président socialiste s'explique pour la première fois sur son appartenance à la droite pétainiste qui allait engager la France dans la collaboration avec l'occupant nazi, avant son action dans la Résistance. Le journaliste s’intéressera souvent à l’Occupation (Ma petite France, Albin Michel, 2017), à la Résistance et notamment Jean Moulin (Jean Moulin, l’ultime mystère, avec Laurent Ducastel, Albin Michel, 2015 et Vies et morts de Jean Moulin, Fayard, 1988).

N'ayant jamais peur des polémiques, il enquêtera aussi sur Jacques Chirac (Chirac, l’inconnu de l’Elysée, Fayard, 2007), Bernard Kouchner (Le Monde selon K., Fayard, 2009) ou Jean-Marie Le Pen (Le Pen : une histoire française, avec Pierre Péan, Robert Laffont, 2012). 

Les diamants

En 1979, ce fils d'un coiffeur de l'ouest de la France, qui avait débuté dans des cabinets ministériels au Gabon avant de se lancer dans le journalisme, passant par l'AFP puis l'hebdomadaire L'Express, sort dans Le Canard enchaîné sa première grande affaire. Il s'agit de diamants que l'empereur Bokassa de Centrafrique aurait offerts au président français Valéry Giscard d'Estaing (Bokassa, éd. Alain Moreau, 1977). Le scandale aura un grand retentissement à deux ans de l'élection présidentielle. Il a aussi révélé l’affaire des avions renifleurs ou les liens entre Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua, Dominique de Villepin et l’affairiste Alexandre Djouhri (La République des mallettes - Enquête sur la principauté française de non-droit, Fayard, 2011).

Le temps

En 1983, ce tiers-mondiste dans l'âme publie Affaires africaines (Fayard, 1983), sur les relations entre la France et le Gabon (Nouvelles affaires africaines: Mensonges et pillages au Gabon, Fayard, 2014) et l’homme de la Françafrique  Jacques Foccart (L’homme de l’ombre, Fayard, 1990). Il reviendra sur les sujets africains avec le génocide rwandais (dans Noires fureurs, blancs menteurs, Mille et une nuits, 2005), où certains de ses propos sur les Tutsis feront polémique. 

"Ma méthode est exclusivement fondée sur le temps" expliquait celui qui s'est aussi intéressé aux grands médias avec son livre TF1, un pouvoir (avec Christophe Nick, Fayard, 1997), et son enquête La Face cachée du Monde (Fayard, 2003, avec Philippe Cohen) qui met à mal la réputation du quotidien français le plus respecté.

Pierre Péan s’est aussi intéressé à la corruption (L’argent noir, Fayard, 1988), à l’attentat contre le vol UTA 772 (Vol UT 772 : contre-enquête sur un attentat attribué à Kadhafi, Stock en 1992 et Manipulations africaines : l'attentat contre le DC 10 d'UTA, 170 morts, Plon, 2001) ou encore au Kosovo (Kosovo : Une guerre « juste » pour un État mafieux, Fayard, 2013).
 

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