Pierre Péan est l’un des auteurs les plus célèbres de l’écurie Durand : depuis leur première collaboration, en 1982 pour Les deux bombes, le journaliste d’investigation a publié 25 livres chez Fayard, dont plusieurs best-sellers tel le fameux La face cachée du "Monde", avec Philippe Cohen. "J’étais son aîné de quelques mois, mais, en trente-trois ans de collaboration, je l’ai toujours vouvoyé, raconte-t-il. J’éprouvais pour lui une amitié aussi affectueuse que très respectueuse. C’était un peu mon père spirituel. Sans lui, je ne serais jamais devenu ce que je suis."

Son travail d’auteur avec Claude Durand s’effectuait en trois temps. "D’abord, l’accord sur un projet, toujours incroyablement rapide. Cela durait rarement plus d’un quart d’heure. Le plus souvent, en dix minutes il m’avait dit oui ou non et nous avions convenu des modalités. Le surlendemain, je recevais mon contrat ! Même quand il lui arrivait de me refuser un projet, nous nous quittions en excellents termes. Il avait cette formule pour décliner une idée : "Ça, je ne le sens pas." Ou alors, il considérait que je m’écartais de mon cœur de métier et il me disait : "Ça, ça n’est pas dans ton genre de beauté."Mais il ne m’empêchait pas d’aller signer ailleurs."

Ensuite, l’enquête : "Il avait une totale confiance en moi et il me fichait une paix royale. Il m’invitait à déjeuner une fois pour prendre de mes nouvelles, mais pour le reste je disposais de tout le temps dont j’avais besoin." Enfin, la remise du texte : "Là, ça allait de nouveau très vite. Il s’emparait du manuscrit et, le soir, après sa journée de travail, il commençait à le lire pour l’annoter en détail. Il avait terminé en moins d’une semaine. Rien ne lui échappait. Je n’ai pas honte de dire qu’il retravaillait énormément mes textes. Pour prendre une image, je lui donnais les chaussures et le cirage et il se chargeait de les faire briller. Grâce à lui, elles reluisaient !"

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