Le texte rappelle que "ces salons se déroulent habituellement le week-end", contraignant les auteurs à quitter leur domicile et à effectuer un travail qui va "au-delà du temps de pure création". La présence des auteurs peut durer plusieurs heures, voire des journées entières et, ses droits d'auteurs touchés par les ventes de son livre durant le salon, couvrent rarement le prix d'un déjeuner. "S'il est invité à prendre la parole dans le cadre d'une table ronde ou d'un entretien, il ne touchera la plupart du temps pas un centime, car les organisateurs de salon estiment le plus souvent que, là encore il fait la promotion de son livre" précise le texte.
Cette tribune intervient alors que le Centre national du livre annonce la mise en oeuvre en 2016 d'un changement des règles d'attribution des subventions aux manifestations. En effet, comme l'expliquera le président du Centre national du livre, Vincent Monadé, dans le prochain numéro de Livres Hebdo à paraître vendredi 16 octobre, le CNL n’examinera plus les demandes de subventions des salons qui ne paient pas les interventions des auteurs.
La tribune est signée par Marie Sellier, Présidente de la Société des Gens de Lettres (SGDL), Carol Trebor, Présidente de la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse, Laurence Kiefe, Présidente de l'Association des Traducteurs littéraires de France (ATLF), Mathieu Gabella, Vice-Président du Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs (SNAC) et Pascal Ory, Président de la commission du répertoire de l'écrit de la Société Civile des Auteurs Multimédias (SCAM).
Ils reprochent aux salons d'abuser de cette notion de promotion. "En organisant un salon du livre, les municipalités ne font-elles pas leur promotion culturelle? (...) En vérité les questions essentielles sont les suivantes: quelle valeur a le temps d'un auteur? Et plus généralement quel est le statut de l'auteur de l'écrit" s'interrogent les signataires qui ajoutent: "Imaginerait-on des musiciens qui viendraient jouer gratuitement dans une ville pour célébrer la sortie de leur album?". Malicieusement, le texte rappelle que les musiciens qui accompagnent les auteurs lors de lectures publiques dans les salons du livres sont eux, payés, tous comme les comédiens ou le modérateur.
Selon la tribune, le modèle économique existe et a fait ses preuves: "les salons de littérature jeunesse rémunèrent les auteurs." Et de rappeler que l'auteur, fragilisé "par une certaine sur-production éditoriale voit ses revenus diminuer de manière alarmante."
Demandant de revoir le statut de l'auteur de l'écrit, les cinq organisations saluent "la décision du Centre national du livre de conditionner, comme la SOFIA et la SCAM, le soutien financier qu'il approrte à 97 manifestations littéraires à la condition de rémunérér les auteurs lors dans leur prise de parole."