Tolkien retrace brillament la jeunesse de l'écrivain britannique J.R.R. Tolkien (interprété par Nicholas Hoult), mondialement connu pour sa trilogie du Seigneur des Anneaux (dont l'intégrale a été éditée chez Pocket en septembre 2018). Le film de Dome Karukoski (qui avait préalablement filmé la vie de l'artiste Tom of Finland) raconte avec élégance et intelligence l'enfance de l'orphelin, ses années étudiantes, sa passion pour les langues rares et les mythes celtes, nordiques et saxons, le trauma infligé par la première guerre mondiale et son complexe social dans la société anglaise huppée. Surtout, le scénario explique intelligemment comment lui est venu l'inspiration pour sa formidable saga dans la Terre du milieu, à travers ses influences, son imagination et son expérience. Ode à la lecture, à l'imaginaire et au langage, le film s'arrête au moment où il amorce l'écriture de Bilbo le Hobbit.
En attendant la grande exposition cet automne à la BnF, plusieurs ouvrages récents décryptent l'univers et la vie de l'auteur. En janvier, Au Diable vauvert a publié J.R.R. Tolkien à 20 ans: prélude au Seigneur des Anneaux, d'Alexandre Sargos, éclairage sur la jeunesse du célèbre écrivain et linguiste. Bragelonne publiera en septembre Dictionnaire Tolkien, sous la direction de Vincent Ferré, encyclopédie qui permet de retrouver les personnages, les lieux, les sources d'inspiration, les mythologies, les jeux vidéo ou de rôles de l'écrivain, poète et médiéviste.
En octobre 2018, Huginn & Muninn a édité une étude illustrée, La terre du milieu: des romans à l'écran, de Daniel Falconer, avec un avant-propos du cinéaste Peter Jackson. Enfin, signalons que le recueil de poésie que Tolkien a préfacé et publié à la fin du film est celui de son ami Geoffrey Bache Smith, A Spring Harvest, inédit en France.
Face à l'écrivain, c'est un danseur tout aussi culte qui se dévoilera sur le grand écran. Ralph Fiennes s'intéresse à Rudolf Noureev (incarné par Oleg Ivenko), l'une des plus grandes stars de son art au XXe siècle. Noureev alterne l'enfance dans la steppe russe, sa formation dans la plus grande école de ballet et la tournée du Kirov à Paris en 1961. Les reconstitutions sont par ailleurs splendides.
C'est à la fin de cette tournée en 1961, au moment de prendre l'avion, que le génie insoumis va passer à l'Ouest en demandant l'asile politique. A la fois tableau d'une Union Soviétique mettant sous surveillance tous ses citoyens et d'une France en pleine effervescence des Trente glorieuses, le film montre aussi un artiste épris de liberté et conscient de son immense talent.
Le film a été écrit par le dramaturge, auteur et scénariste David Hare et Julie Kavanagh, auteure de la biographie Noureev: une vie (Archipel, 5 juin), qui couvre toute la vie du chorégraphe. Noureev avait lui-même écrit son autobiographie, Noureev : Confessions inédites, qu'Arthaud a sorti en poche en janvier. Une autre biographie était parue chez Flammation en 2007, Noureev, l'insoumis, d'Ariane Dollfus. Et enfin, Philippe Grimbert avait écrit Rudik, l'autre Noureev, roman inspiré par la star et sorti chez Plon en 2015 et au Livre de poche il y a trois ans.