Installée au pied de la cité HLM de La Plaine, cette structure associative spécialisée dans le public jeunesse occupe depuis sa création en 1965 un bâtiment à l’architecture originale, signé par l’Atelier de Montrouge sous la direction de l’architecte Gérard Thurnauer, et classé au Patrimoine des Monuments Historiques depuis 2009.
La municipalité de Clamart, propriétaire du bâtiment depuis qu'il lui a été cédé en 1971 par la fondation Schlumberger, mécène historique du projet, a prévu d’y mener d’importants travaux de rénovation. Mais une partie des membres de l’association qui gère la PBR, soutenue par le collectif, refuse le déménagement dans les locaux provisoires trouvés par la mairie.
Si les opposants au déménagement ne contestent pas la nécessité de mener des travaux, ils craignent en revanche qu’il s’agisse d’un départ sans retour. "Il n’y a actuellement aucun calendrier pour les travaux, et aucune information sur la manière dont ils seront financés, explique à Livres Hebdo Michel Alban, porte-parole du collectif. Nous demandons un calendrier clair et l’assurance que l’association réintègrera le bâtiment une fois la rénovation achevée. Par ailleurs, les locaux provisoires proposés par la mairie sont en dehors du quartier. Or, la bibliothèque n’a de sens que si elle est au cœur de la cité, conformément au projet d’origine".
De son côté, François Le Got, maire adjoint à la culture de la mairie de Clamart, ne cache pas son exaspération face à la polémique. "Le bâtiment a cruellement besoin de travaux. Il est en très mauvais état et nécessite une opération de désamiantage, détaille l'élu à Livres Hebdo. Je ne comprends pas le procès d’intention fait à la mairie, alors même que nous avons trouvé à la bibliothèque des locaux provisoires tout à fait adéquats dont nous assumerons le loyer, et alors que nous versons à l’association une subvention annuelle de 75 000 euros. Cet endroit restera un lieu de lecture pour les enfants".
Dans un courrier adressé il y a quelques jours au président de l'association de la Petite Bibliothèque Ronde, Olivier Ponsoye, Jean-Didier Berger, maire de Clamart et président de Territoire Vallée Sud-Grand Paris, la communauté d'agglomérations dont fait partie la ville, expose sa décision : "Le travail en faveur de la lecture publique réalisé dans le site classé que nous connaissons me paraît fondamental. Je souhaite proposer au conseil de territoire d’investir de l’argent public pour faire les travaux attendus depuis longtemps et devenus nécessaires et incontournables en vue de la continuation durable de l’activité en faveur des enfants et de la lecture. […] Ma démarche est simple, il s’agit d’assurer la rénovation lourde, nécessaire et trop longtemps retardée d’un bâtiment public appartenant au patrimoine historique de la ville, en préservant une offre de lecture publique originale et précieuse car contribuant à la cohésion sociale et à l’égalité des chances.
La concurrence de la médiathèque François Mitterrand
Mais alors que la médiathèque municipale François Mitterrand, ouverte dans le quartier à quelques pas en 2007, propose dans sa section jeunesse une offre conséquente, l'articulation du travail des deux établissements se pose. La municipalité estime que la PBR doit justifier la subvention municipale qu'elle reçoit. "C’est à votre association, comme toutes celles avec lesquelles nous travaillons, de justifier régulièrement de son utilité publique afin de garantir une utilisation efficace des deniers publics qui lui sont attribués", précise clairement le maire dans sa lettre à Olivier Ponsoye.
Pour François Le Got, la Petite Bibliothèque ronde doit retrouver le rôle de laboratoire d’idées novateur et la dimension internationale qu’elle avait à sa création, sous le nom de La Joie par les livres, et qui se sont un peu essoufflés au fil des années.
Mardi 5 juillet, le conseil d’administration de l'association qui gère la PBR devrait se réunir afin de se prononcer pour ou contre le déménagement. La décision est pressante car la convention passée entre la collectivité territoriale et la PBR prévoyant l'occupation du bâtiment historique par l'association à titre gratuit a expiré au 30 juin 2016.