Organisée le lundi 1er décembre, dans le cadre de la journée professionnelle du 30e Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, la table ronde a réuni Carole Trebor, Valentine Goby, vice-présidente du Conseil permanent des écrivains, et Ronan Le Breton, scénariste de BD et représentant du SNAC BD, dans le but d'informer les auteurs sur les points techniques du métier - rémunération, retraite, contrat numérique -, se faisant l'écho des difficultés et de la paupérisation des auteurs.
Au taux de cotisation de 8 % pour la retraite complémentaire (pour les affiliés à l'Agessa) qui pèse lourd sur les faibles revenus des auteurs-illustrateurs, les auteurs proposent une prise en charge de 4 % par la Sofia, suggérant qu'elle pourrait être financée par une taxe sur les œuvres du domaine public ou une taxe sur le marché du livre d'occasion. "Comment préparer sa retraite quand on ne sait pas comment on va boucler les fins de mois ?" a insisté Valentine Goby.
Fusion de la Maison des artistes et de l'Agessa
Il a aussi été question de la fusion de la Maison des artistes et de l'Agessa (et des problèmes informatiques qui en découlent), de la menace que fait peser la communauté européenne sur le droit d'auteur "à la française" et des rémunérations plus faibles pour les auteurs de jeunesse (de 5 % à 8 % contre 8 % à 12 % pour les auteurs de BD ou de littérature générale). "Il faut refuser ce type de rémunération car elle risque de rejaillir sur les autres secteurs. La BD vous soutient" a commenté Ronan Le Breton. La pratique de la "compensation inter-titres" (les ventes d'un livre pouvant être déduites de l'à-valoir d'un autre) a aussi été dénoncée à la tribune.
"Aujourd'hui est une date historique car c'est celle de l'entrée en vigueur du nouveau contrat d'édition" a déclaré dans la salle Marie Sellier, présidente de la Société des gens de lettres, enjoignant les auteurs à être "attentifs à leurs contrats : ils ne doivent exclure aucune rémunération" a-t-elle précisé. Une autre inquiétude, sur la somme qui pourrait être perçue au titre du droit de prêt du livre numérique dans les bibliothèques, a aussi jailli au cours des débats.
La présence dans la salle de Vincent Monadé, président du Centre national du livre, et d'Henriette Zoughebi, vice-présidente de la région Ile-de-France, a montré combien "la situation financière catastrophique des auteurs" était alarmante. Le premier les a rassuré sur l'accord Tafta qui lie l'Europe à l'Amérique, "qui exclut la culture" mais déclare qu'il faut rester vigilant. Tandis que la seconde leur a promis une concertation avec l'Education nationale et les élus sur la rémunération des interventions en collèges et en lycées.