Le ghetto intérieur, paru chez P.O.L le 22 août, est le 10e roman de Santiago H. Amigorena en 21 ans. Scénariste, réalisateur et producteur argentin, résidant en France, il signe là l'un des livres les plus sélectionnés de la rentrée littéraire. On le retrouve en effet dans les listes du Décembre, du renaudot, du Renaudot des lycéens, du Médicis et dans la sélection France Culture / L'Obs. Il a logiquement reçu le Prix des libraires de Nancy - Le Point au Livre sur la Place il ya une dizaine de jours.
Inspiré par la vie de son grand-père, il déroule son histoire à Buenos Aires en 1940. Des amis juifs exilés se retrouvent au café pour parler de cette Europe qu'ils ont fuie quelques années plus tôt. Parmi eux, Vicente Rosenberg, époux de Rosita et père de trois enfants, s'inquiète pour sa mère, restée en Pologne, à Varsovie. Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.
A travers le destin de son grand-père parti en Argentine pour échapper au nazisme, il raconte la vie mélancolique de l'exil et tous les silences qui l'accompagnent, avec les mots qui n'existent plus, dans aucune langue, ni même la musique ou la douleur. Livre généaologique aux origines autobiographiques, comme les neuf précédents, celui-ci s'affirme "roman". Si les mots s'étaient tus, grâce à l'écriture, ils font revivre ces fantômes lointains ou ceux, plus géographiquement proches, hantant les ruines de la Shoah.