Alors que de nombreux pays européens sont déjà dotés d’un droit de prêt, à l’image de la France qui l’a adopté par une loi de 2003, l’Espagne vient tout juste de le mettre en place, rapporte
El Mundo. Le ministère de la Culture a publié un décret royal, le 1
er août, répondant ainsi à la transposition d’une directive européenne. Les bibliothèques espagnoles doivent désormais effectuer un paiement annuel calculé selon le nombre de livres prêtés par an et le nombre d’usagers actifs que compte l’établissement.
Si la nouvelle taxe concerne uniquement les bibliothèques publiques des villes de plus de 5000 habitants et exonère celles des établissements scolaires, des voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte à la lecture publique. La coalition de gauche Izquierda Unida a annoncé mercredi 20 août le lancement d’une campagne de collecte de signatures et la présentation de motions contre la mesure auprès des municipalités de la région de Madrid.
Une menace pour des bibliothèques touchées par la crise ?
L’association qui regroupe les bibliothécaires de Madrid et Anabad, la fédération nationale des bibliothécaires, la rejettent également.
"Ce ne sera plus du prêt mais de la location. Comme un vidéoclub, mais avec des livres",
explique au journal El Pais José Alberto Albarracin, président de l’association professionnelle des archivistes, bibliothécaires et documentalistes de Madrid.
Le ministère de la Culture a déclaré dans un communiqué qu’
"en aucun cas" cette taxe n’affectera les usagers puisque ce sont les bibliothèques qui s'en acquitteront via un organisme de gestion des droits d'auteurs, comme la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia) en France.
Mais les détracteurs de la taxe soulignent qu’avec des budgets déjà minés par la crise - 69,88 millions d’euros en 2014 contre 78,42 en 2013 - cette taxe pourrait porter le coup de grâce aux bibliothèques municipales.
"Elle affecte le service et l’accès à la culture de ceux qui ont moins de pouvoir d’achat et qui, pour lire un livre, n’ont d’autre choix que d’aller à la bibliothèque", estime Jesus Saiz, d’Izquiera Unida.