Le président du jury Pierre Haski lors de la remise du premier prix littéraire du quai d’Orsay dans les salons de réception du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères le 4 juin 2025 - Photo Alexandre Mouawad
Prix littéraire du Quai d’Orsay : Le(s) lauréat(s) de la première édition
Le mercredi 4 juin était dévoilé, dans les salons de réception du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), le gagnant du prix littéraire du quai d’Orsay. Les six finalistes ont également pu choisir une ambassade de leur choix pour y séjourner une semaine. Retour sur une première soirée chargée en émotion et en significations.
« Comme un drapeau de tendresse » : voilà les cinq mots que l’académicienne Barbara Cassin a choisi d’extraire du livre L’Arabe qui sourit d’Omar Youssef Souleimane, paru chez Flammarion, au moment de présenter celui qu’elle savait déjà être le lauréat du premier prix littéraire du Quai d’Orsay.
Au-delà de tout jugement esthétique, il est intéressant de noter le choix de ce syntagme que d’aucuns pourront considérer comme un imperceptible oxymore, et d’autres comme une image délicate invoquant à la fois la figure de la mère et de la patrie. Et s’il est un lieu et s’il y eut une heure où l’on a pesé ses mots, c’était dans le salon de réception du MEAE devant un parterre de diplomates, de femmes et d’hommes de lettres réunis à l’occasion de cet événement qui ne sera plus jamais inédit.
Ce prix – qui a rapporté 10 000 euros au lauréat – est l’« un des mieux dotés », pouvait se féliciter le directeur de l’Académie diplomatique Didier Le Bret, et semble conçu pour durer. Un événement littéraire à vocation universelle et politique échafaudé de longue date, en grande partie, par le directeur des archives du MEAE Nicolas Chibaeff, comme l’a rappelé Didier Le Bret.
Les six finalistes élus par un panel de lecteurs de haut vol – soit une grande partie du réseau diplomatique français sollicité pour l’occasion – ont été chacun présentés par un membre du jury dans des discours de haute tenue qui a également révélé l’ambassade qu’ils auront choisie pour passer une semaine.
Histoires de géographies, géographies d’histoires
Quelques expressions, dans ce cadre somptueux où ce dont on fait mine de ne pas parler compte autant que ce qui est dit, auront retenu notre attention. Il aura ainsi été question de « résistance silenciée », de ce que « les guerres occultent », ou encore de « s’ensoleiller au contact des autres ».
On a rappelé à propos d’Hanoï, où l’écrivain Jean-Luc Marty a choisi de partir, alors que le Vietnam s’apprête à célébrer les 80 ans de son indépendance, l’importance de la mémoire pour les peuples, y compris français. De mémoire, il a beaucoup été question. Du Liban aussi, qui traverse trois ouvrages sélectionnés et se trouve au cœur de celui de Marwan ChahineBeyrouth, 13 avril 1975 (Belfond).
Bogota a soulevé la question de la violence, de la difficulté de la nommer, des « chemins dans l’obscurité », ou de l’alliance vertueuse entre les sociétés civiles et professionnelles. Le programme athénien présenté ce soir-là, quant à lui, a permis de rappeler l’importance des rencontres autour du livre, auxquelles ces « voyages intellectuels » donneront lieu.
Dans l’entretien clôturant la cérémonie, menée de main de maître par l’ancien présentateur de la librairie francophone Emmanuel Kherad avec le lauréat, il s’est également beaucoup agi d’éducation, dont le manque peut conduire à la radicalisation. En Syrie, mais sans doute, là aussi, comme ailleurs, comme ici, aurait-on aimé ajouter.
Quand le journaliste a demandé à l’écrivain quel serait son rêve pour la Syrie, ce dernier a répondu paisiblement : « D’abord, changer les manuels scolaires. » Rappelant par là l’importance des littératures partout dans le monde et ce mot du président du jury, Pierre Haski : « Moi qui viens depuis 50 ans dans ce ministère pour les crises, je suis heureux d’être là, aujourd’hui, pour les livres. »
Racontant enfin, quelque temps après la parution de son ouvrage, son retour au pays fatal, le jeune homme dont la prononciation épicée et l’accent ému faisait se confondre les mots « Arabe » et « arbre », dressait ce constat : « La Syrie ne m’a pas reconnu et je ne l’ai pas reconnue. » Sous les ors de la république, ce soir-là reconnu, un ancien Syrien souriait.
Destinations finalistes
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