"Vivendi est entré en négociations exclusives avec Grupo Planeta pour l’acquisition de 100 % du capital d’Editis, deuxième groupe d’édition français détenu par Grupo Planeta. La valeur d’entreprise retenue est de 900 millions d’euros" révèle le communiqué. Planeta et Vivendi précisent que "Dans le cadre de ce projet, [les deux groupes] exploreraient de nouvelles opportunités dans le secteur de l’édition."
Retour à la maison
Cette acquisition, si elle arrive à son terme, serait un "retour à la maison" pour Editis. Alain Kouck, décédé le 10 juillet, avait transformé Havas Publications Editions, créée en 1997 en rapprochant Havas et CEP Communications, en Vivendi Universal Publishing en 2000, lorsque le groupe croyait déjà à la convergence des contenus. Cédé à Lagardère, fin 2002, l'actionnaire d'Hachette doit céder 60% du groupe en 2004, suite à une décision de la Commission Européenne. Reprise par Wendel Investissements, le nouvel ensemble devient Editis Holding. Le groupe éditorial est vendu en 2008 à Planeta.
En 2017, Editis a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 759 millions d’euros, en baisse de 7%, et un bénéfice avant impôts d’environ 60 millions d’euros.
Attirance du marché scolaire
Vivendi explique que l’acquisition du groupe éditorial "constituerait une nouvelle étape majeure dans la construction d’un groupe intégré centré sur les médias, les contenus et la communication", s'ajoutant ainsi à Canal +, Dailymotion, Gameloft, Universal Music Group et Havas. Grâce à cette acquisition, Vivendi, aujourd'hui détenu à 20% par le Groupe Bolloré, "bénéficierait d’un écosystème unique pour attirer et fidéliser les meilleurs talents et enrichir le portefeuille de contenus du Groupe. L’édition scolaire permettrait, en outre, à Vivendi de mieux connaitre les jeunes générations". Depuis 2 ans, Vivendi exprime son intérêt pour revenir dans le livre. La stratégie du conglomérat vise à détenir les droits des œuvres très en amont pour pouvoir les décliner à la télévision, au cinéma, en jeu vidéo, sur internet, etc...
De son côté, Planeta, 7e groupe mondial de par son chiffre d'affaire (1,8 milliard d'euros) "souhaite lancer de nouveaux projets de croissance dans des secteurs stratégiques tels que les livres, la formation, l’information et l’entertainment audiovisuel". Cette opération permettrait aussi de désendetter le groupe espagnol, qui affiche une dette de 480 millions d'euros.
Selon un communiqué d'Editis, son directeur général Pierre Conte, explique que "cette démarche démontre l’intérêt d’un grand groupe français d’ambition internationale pour Editis. Elle souligne les positions fortes de notre groupe sur le marché de l’édition francophone. Ce projet est celui du rapprochement du monde de l’Edition vers celui de l’Audiovisuel. Ce qui unit Grupo Planeta et Vivendi c’est une passion partagée autour de la création et la découverte de talents."
Des livres en échange de la musique
Les deux groupes rappellent que "tout accord résultant de ces négociations serait soumis à la consultation préalable des instances représentatives du personnel concernées, à des due diligence confirmatoires et à la finalisation de la documentation définitive."
Pour que la transaction se réalise, Vivendi a notamment prévu de céder la moitié de ses parts dans Universal Music Group à un ou plusieurs partenaires stratégiques. L'opération devrait être lancée dès cet automne et s'étaler sur 18 mois.