Le Chili a rendu un dernier hommage au poète et prix Nobel de littérature Pablo Neruda, dont les restes exhumés en 2013 pour déterminer s'il avait été assassiné par des agents de la dictature d'Augusto Pinochet sont à nouveau inhumés ce mardi 26 avril.
Recouvert d'un drapeau chilien, le cercueil avec les restes de l'auteur était entreposé lundi dans le salon d'honneur du Congrès où les parlementaires ont célébré les "funérailles du peuple", une cérémonie d'adieu symbolique.
A partir d'aujourd'hui, Pablo Neruda reposera à nouveau dans le jardin de sa villa face au Pacifique, au côté de Matilde Urrutia, sa troisième femme.
Selon le certificat de décès rédigé par la junte militaire alors au pouvoir, le poète est mort d'un cancer de la prostate quelques jours après le coup d'Etat de 1973. Mais son chauffeur de l'époque, Manuel Araya, assure, lui, que Pablo Neruda, militant du Parti communiste, a succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il comptait s'exiler pour y diriger l'opposition au général Pinochet. Après une longue bataille judiciaire, l'exhumation des restes de Pablo Neruda avait eu lieu en avril 2013 à Isla Negra (à 120 km à l'ouest de la capitale), dernier lieu de résidence du poète, où il était enterré.
Depuis, les analyses se succèdent, sans apporter de réponse définitive. En mai 2014, une équipe de chercheurs espagnols avait révélé la présence massive de bactéries, des staphylocoques dorés, qui auraient pu être inoculées par des agents de la dictature. Les résultats d'une ultime analyse sont encore attendus en mai pour clore définitivement cette procédure lancée il y a trois ans. Quatre laboratoires, aux Etats-Unis, en Espagne, en Norvège et au Danemark, sont en train d'analyser l'ADN des staphylocoques dorés retrouvés sur la dépouille du poète afin de savoir s'ils sont issus de manipulations postérieures à sa mort ou s'ils proviennent d'une composition utilisée par Eugenio Berrios, le chimiste de la police secrète de Pinochet, chargé de concevoir des armes chimiques.
La mort en 1982, dans la même clinique, de l'ex-président Eduardo Frei (1964-1970), venu pour une opération de routine et qui pourrait avoir été empoisonné, a renforcé la thèse d'un assassinat de Neruda.
Mais même si les technologies sont beaucoup plus avancées aujourd'hui, le temps a passé et les conditions dans lesquelles le corps avait été enterré –en bordure de mer– pourraient empêcher de jamais connaître les causes de sa mort, a-t-il toutefois reconnu.