Deux membres du groupe d'experts mandaté par le Chili pour enquêter sur le décès de Pablo Neruda ont remis leurs conclusions à Paola Plaza, la juge chargée de l'affaire. Après quatre ans de travail, ils n'ont pas réussi à déterminer si la mort en 1973 du prix Nobel de littérature était liée ou non à une intoxication causée par l'ingestion de neurotoxines présentes dans des aliments contaminés.
Les deux enquêteurs, Hendrik et Debi Poinar de l'université canadienne McMaster, ont indiqué que la bactérie clostridium botulinum « était présente au moment de sa mort », sans pouvoir toutefois expliquer cette présence. Les deux chercheurs ont récupéré l'ADN de Pablo Neruda, Neftali Reyes de son vrai nom, sur l'une de ses molaires mais ne sont « parvenus à reconstruire qu'un tiers du génome de la bactérie du botulisme ». Ils ont assuré à l'AFP qu'il était possible de le reconstruire dans sa totalité sans nouvelle exhumation mais avec l'accord du tribunal. La magistrate Paola Plaza a indiqué de son côté « que le rapport allait être étudié afin que le tribunal puisse se prononcer », sans préciser quand.
La question de l'empoisonnement alimentaire s'est posée après l'identification en 2015 de trace de bactéries de botulisme qui auraient pu être développées en laboratoire. Cette thèse succède à celle de l'empoisonnement de Neruda par injection « médicale » défendue depuis 2011 par son ancien chauffeur et garde du corps. Selon lui, l'écrivain, ami du Président socialiste Salvador Allende qui venait juste d'être destitué par la junte d'Augusto Pinochet, a été assassiné le 23 septembre 1973 à la clinique Santa Maria de Santiago où il se faisait soigner pour un cancer. Il envisageait de s'envoler dès le lendemain pour le Mexique afin d'y diriger l'opposition au nouveau dictateur.
Si, un demi-siècle après la disparition de Neruda, les théories d'un assassinat par injection de germes ou empoisonnement alimentaire ne sont toujours pas confirmées, la thèse des militaires chiliens qui attribuait sa mort à une aggravation subite de son cancer de la prostate a définitivement été rejetée par une expertise internationale en 2017.