RNL 2015

Quelle place pour les libraires sur les marchés publics ?

L'atelier sur les marchés publics aux Rencontres nationales de la librairie 2015 à Lille - Photo Olivier Dion

Quelle place pour les libraires sur les marchés publics ?

L'atelier organisé sur les marchés publics dimanche 21 juin aux Rencontres nationales de la librairie à Lille a permis d'objectiver la situation des librairies et de mettre en avant à la fois les enjeux et les pistes d'amélioration.

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Par Clarisse Normand, lille
Créé le 22.06.2015 à 00h53

Une bonne centaine de professionnels étaient présent à l'atelier sur les marchés publics organisé dimanche 21 juin lors des Rencontres nationales de la librairie de Lille. Animée par la consultante Mathilde Rimaud, qui a rappelé que ces marchés représentaient en moyenne 15 à 20% du chiffre d'affaires des librairies, l'atelier a débuté par la présentation d'une étude sur l'accès de ces dernières aux marchés d'achats de livres des bibliothèques entre 2005 et 2012 réalisée par Hervé Renard, adjoint au chef du département de l'économie du livre du ministère de la culture.

Dix ans après la mise en place d'une loi plafonnant les remises, suivie par une  réforme du code des marchés, celle-ci a confirmé la prédominance des librairies dans ces ventes, à hauteur de 72%, mais a aussi mis en lumière le poids pris par les très grandes librairies, soit une demi-douzaine d'établissements réalisant plus de 12 millions de chiffre d'affaires : leur part de marché est passé en sept ans de 12 à 22%, au détriment des grossistes et fournisseurs spécialisés, des librairies de chaines ainsi que des libraires généralistes.

Ouvrant la question des relations entre libraires et bibliothécaires, Eléonore Clavreul, chargée de mission au Service du livre et de la lecture, a rappelé le rôle des journées de formation aux marchés publics et des échanges entre les deux professions. Invoquant une vraie volonté de travailler ensemble, Tristan Wallet, directeur de la médiathèque La Corderie à Marcq-en-Barœul, a expliqué comment son établissement avait revu sa politique d'acquisition au profit des libraires locaux. "Alors que nous travaillions avec un grossiste, nous avons, il y a dix ans, engagé un partenariat avec un libraire spécialisé lillois afin de reconstituer notre offre en littérature et fantastique. L'expérience ayant été très positive et très riche en échanges, nous l'avons progressivement généralisé aux autres secteurs."

Dans la foulée de cette expérience exemplaire, Benoît Bougerol, à la tête de La Maison du livre à Rodez et de Privat à Toulouse, a souligné l'enjeu culturel de territoire qui se trouve derrière ces marchés et l'importance qu'il y a à ce que chacune des parties en ait conscience "afin de pouvoir dépasser les questions techniques". 
 
Alors que Sophie Perrusson, directrice adjointe de l'action culturelle de Levallois Perret, a évoqué certains critères déterminants dans le choix du fournisseur, parmi lesquels les délais de livraison et l'existence d'une plateforme internet pour permettre les commandes, Ariane Tapinos, à la tête de Comptines à Bordeaux, a dénoncé l'utopie de l'immédiateté de livraison et surtout l'injustice qu'il y a à faire supporter au libraire le poids du développement d'une plateforme alors que l'outil interprofessionnel Electre* assure le service, pour peu que chacune des parties soient abonnées. 
 
De manière plus apaisée, Morgane Desard, directrice de la médiathèque départementale de l'Eure, a quant à elle évoqué le partenariat fructueux mené depuis de longues années avec la librairie locale L'oiseau lire, non seulement pour les acquisitions de livres mais aussi pour les animations, comme la remise en commun d'un prix littéraire jeunesse. 
 
En synthèse les intervenants ont insisté sur l'intérêt qu'il y aurait à une meilleure connaissance des 
besoins et des contraintes de chacun afin de favoriser les coopérations.

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