D’après les données communiquées au préalable, 2500 des 3000 librairies françaises affichent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 300 000 euros, et 1 000 n’emploient aucun salarié .
Diversité
« La diversité est fondamentale pour la librairie comme pour l’édition », souligne Pascale Lapierre (Harmonia Mundi) qui, cherchant à caractériser les petites librairies, remarque qu’il peut s’agir aussi bien de librairies de petites villes, que de librairies de quartier ou de librairies spécialisées. Elle estime que le « 2e niveau de librairie », dans lequel elles sont classées par les diffuseurs, représente environ 15 % du marché.
Responsable de la libraire La Carline, à Forcalquier (Alpes de Haute Provence) et présidente de l’association Libraires du sud, Marie-Aude Nimsgern souligne la « diversité des attentes » de sa clientèle, dans une ville qui ne compte que 5000 habitants.
A Fourmies (Nord) Dominique Debuys, gérante de la librairie La fabrique à rêves, indique que cette librairie, montée sous la forme d’une Scop, survit difficilement dans la ville de 12 000 habitants, même si « la création de la librairie répondait à une attente et un besoin, car il n’y en avait pas à moins d’une heure de voiture. »
Emily Vanhée, directrice de la librairie Les Lisières, à Roubaix (Nord), décrit la diversité de ses initiatives pour subsister dans une ville considérée comme la plus pauvre de France. Anaïs Massola, de la librairie Le rideau rouge, à Paris (18e) insiste également sur la multiplicité des animations qu’elle organise. « Trop, peut-être », précise-t-elle.
Travailler en équipe
Alors que les libraires des Lisières ne sont que deux, Emily Vanhée souligne l’enjeu du travail en équipe. « Nous avons l’obligation d’être polyvalentes sur tout – la réception des représentants, les outils, la connaissance du fonds, la ligne de la librairie – afin d’être interchangeables ». Du coup « nous formons une équipe très soudée, dans laquelle, en dépit du rapport entre gérante et salariée, le personnel et le professionnel se mélangent forcément. L’“antimanagement“ est en fait le plus adapté dans une librairie comme la mienne ».
Abondant dans le même sens, Anaïs Massola souligne la liberté apportée par ces relations humaines. « Cette proximité est en fait une grande chance », dit-elle, souhaitant en revanche un « changement du regard de la diffusion sur la librairie de 2e niveau ».
Déléguée générale de l’association Libraires indépendants en région Auvergne, Odette Roquette observe que « les libraires sont des aventuriers, qui s’installent sur des terrains hostiles ».
Très applaudie, Marie-Aude Nimsgern observe cependant que la librairie est bien le seul secteur du commerce où on trouve normal de ne pas pouvoir se payer pendant un an. « Certes, nous faisons un métier passionnant, admet-elle, mais cela ne suffit pas. »
Depuis la salle, un libraire de Givors évoque les difficultés pour une petite équipe de libraires de connaître tout l’éventail de la production pour pouvoir renseigner la clientèle. « Il faut utiliser les connaissances des représentants et celles des clients », estime Emily Vanhée, tandis qu’Anaïs Massola conseille d’utiliser les sites des libraires spécialisés comme ceux de Canal BD.