Politique

Pass Culture : Rachida Dati défend sa réforme

Rachida Dati sortant du Conseil des ministres, le 27 novembre 2024 à Paris - Photo Julien de Rosa / AFP

Pass Culture : Rachida Dati défend sa réforme

La ministre de la Culture a réaffirmé sa volonté d’instaurer des conditions de ressources pour les bénéficiaires du pass Culture et de réserver une part du dispositif au spectacle vivant, malgré les alertes du monde du livre.

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Par Éric Dupuy
Créé le 28.11.2024 à 22h04

En déplacement dans la Marne pour soutenir son projet de réforme du pass Culture, la ministre de la Culture Rachida Dati a réaffirmé son ambition, malgré l’alerte des professionnels du livre, ce jeudi.

« Je crois au potentiel du pass Culture », a déclaré la ministre, soulignant que plus de 80 % des jeunes de 18 ans l’utilisent. Cependant, malgré ce succès quantitatif, Rachida Dati a insisté sur les faiblesses structurelles qu’il révèle : « Je ne peux pas me satisfaire d’une telle situation qui ne ferait que reproduire des inégalités. »

Les deux failles majeures du pass Culture

La ministre a pointé deux problématiques principales. D’abord, l’accès au dispositif reste marqué par des inégalités sociales. Selon les chiffres présentés, les jeunes dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures sont 20 % moins nombreux à utiliser le pass Culture que ceux issus de familles plus diplômées. Cette situation reflète un biais qui va à l’encontre de la vocation initiale du pass : corriger les inégalités sociales.

Ensuite, la diversité des pratiques culturelles fait défaut. La majorité des jeunes privilégie le livre et le cinéma, tandis que les réservations pour le spectacle vivant et les musées restent inférieures à 2 %. La ministre s’est alarmée de ce constat : « La culture est là pour corriger les inégalités, pas les renforcer. »

Les quatre axes de la réforme du pass Culture

 

Les inquiétudes du monde du livre

La réforme du pass Culture annoncée par Rachida Dati a provoqué une vive réaction des professionnels du livre. Dans une tribune publiée dans Ouest-France la veille du déplacement ministériel, Séverine Weiss, présidente du Conseil permanent des écrivains, Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition, et Alexandra Charroin Spangenberg, présidente du Syndicat de la librairie française, ont dénoncé des évolutions qu’ils jugent dangereuses.

Pour eux, le pass Culture est déjà une réussite qui « représente un nouvel outil d’autonomie et de liberté », affirment-ils, en soulignant son rôle essentiel pour dépasser les barrières sociales et culturelles. La lecture, en particulier, a trouvé un nouveau souffle grâce au dispositif. Les libraires notent que les jeunes, attirés au départ par les mangas, diversifient peu à peu leurs achats. « Près de 400 000 titres différents ont été achetés grâce au pass », rappellent les signataires.

Alors que les rapports du Centre national du livre (CNL) mettent en lumière une baisse de la lecture chez les jeunes, le pass offre une alternative bienvenue. « La maîtrise de la langue est la mère de toutes les batailles », martèlent-ils, considérant le livre comme une porte d’entrée vers d’autres formes de culture.

Des réformes jugées néfastes

Pourtant, les réformes annoncées pourraient, selon eux, briser cet élan. En imposant une redirection d’une partie des fonds vers le spectacle vivant ou d’autres activités, le gouvernement introduirait une « vision dirigiste » au détriment de la liberté des jeunes. « Pourquoi vouloir limiter ce qui fonctionne ? » interrogent les signataires.

Ils alertent également sur les conséquences économiques pour les librairies. « Le pass représente 5 % du chiffre d’affaires des librairies », un soutien crucial dans un secteur déjà fragile. Cette réforme pourrait menacer la diversité éditoriale et affaiblir le réseau de librairies de proximité, pourtant essentiel en zones rurales et périurbaines.

Un appel à préserver la diversité

Pour les professionnels du livre, le succès du pass repose sur la liberté d’utilisation et son potentiel à créer des lecteurs autonomes. Ils appellent le gouvernement à ne pas détourner cet outil de sa mission initiale : « La lecture n’est pas seulement une source d’évasion, c’est un tremplin vers un monde meilleur. »

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