Trois des livres consacrés à Donald Trump et parus cette année ont chacun dépassé le million d’exemplaires aux Etats-Unis. La politique fait toujours recette.
Le feu et la fureur : Trump à la Maison Blanche de Michael Wolff (Little, Brown), Mensonges et vérités de James Comey (Flatiron), et Peur de Bob Woodward (Simon and Schuster) se sont vendus au total à plus de cinq millions d'exemplaires aux Etats-Unis, selon des chiffres recueillis par l'AFP. Peur a même établi un record pour son éditeur en étant le premier livre à dépasser le million d’exemplaires vendus en une semaine.
Le livre de Michael Wolff édité chez Robert Laffont en janvier en poche chez Pocket début septembre, s’approche des 50000 exemplaires en France. Celui de James Comey, publié en avril chez Flammarion, s’est écoulé à plus de 8000 exemplaires. Le Seuil publiera le Bob Woodward le 29 novembre.
"Il y a un profond désir chez beaucoup d'Américains de comprendre ce qui s'est passé politiquement dans ce pays" durant la campagne, explique David Com, coauteur de Russian Roulette (Twelve, inédit en France), mais aussi "en ce moment à la Maison Blanche de Trump".
Et ça ne s’arrête pas là puisque, cette semaine, The fifth risk de Michael Lewis (Penguin), déjà dans les 20 meilleures ventes sur Amazon avant même sa sortie, The apprentice du journaliste du Washington Post, Greg Miller (HarperCollins), qui explore les liens entre la Russie et Trump, ou Full disclosure de Stormy Daniels (St Martin’s Press), sur son aventure supposée avec le président, arrivent en librairie.
Trump, premier promoteur des livres qui l’attaquent
Habituellement, les récits d'une présidence sont plutôt publiés après le mandat, à l'heure où les langues se délient et où la perspective historique devient possible. Mais les controverses et la fascination médiatique pour l’actuel président des Etats-Unis bouleversent tout.
Donald Trump contribue lui-même à la promotion de ces livres qui brossent tous un tableau apocalyptique de son administration, à grandes salves de tweets incendiaires et de coups de menton, en voulant par exemple interdire la publication de ces essais critiques.
"Le livre de Woodward est une blague", a-t-il ainsi écrit sur le réseau social la veille de sa publication, ajoutant : "Juste une attaque de plus contre moi."
"J'imagine que les gens veulent voir à quel point c'est l'horreur" à la Maison Blanche, suggère Marianne Elliott, une lectrice qui a réservé Peur à la bibliothèque municipale de New York, où l'attente sera longue.
Obama toujours invaincu
S'ils sont loin de rivaliser avec le succès de Bob Woodward ou Michael Wolff, plusieurs livres favorables au président font aussi les beaux jours des éditeurs, soutenus publiquement par Donald Trump. Notamment le livre de la juge à la Cour suprême Jeanine Pirro, Liars, leakers and liberals (Center Street). Tout comme des « classiques », dressant le portrait de sociétés totalitaires où la désinformation règne, voient leurs ventes relancées, tels 1984 et Fahrenheit 451.
Mais tous les éditeurs ne rêvent que d’une chose : avoir le livre de Donald Trump, déjà auteur en 1987 de The art of the deal (Survivre au sommet, Editions n°1 en 1991, L’Archipel en 2017). Le président a déjà annoncé qu'il écrirait le "vrai livre" sur sa présidence. Et son objectif sera à coup sûr de battre Barack Obama et ses 4,6 millions d'exemplaires vendus au total pour ses ouvrages autobiographiques, Les rêves de mon père et L'audace d'espérer, tous deux édités par les Presses de la Cité en France.