Le journaliste américain Michael Wolff est un habitué des controverses et son livre Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump, qui sera publié le 9 janvier par l'éditeur Henry Holt (Macmillan), provoque depuis hier une tempête politique à Washington.
Donald Trump, par la voix de ses avocats personnels, a demandé jeudi à Michael Wolff et au responsable des éditions Henry Holt et Cie la non-publication du livre, menaçant de les poursuivre pour diffamation, atteinte à la vie privée et malveillance. Le Président des Etats-Unis dénonce un livre de "fiction".
En réponse, l'éditeur a décidé d'avancer la sortie du livre au vendredi 5 janvier, conduisant l'auteur à un tweet ironique...
Les avocats du Président se basent notamment sur l'introduction du livre, où Michael Wolff admet que "beaucoup d'informations sur ce qu'il s'est passé à la Maison Blanche de Trump sont contradictoires; beaucoup, dans le style trumpien, sont simplement fausses". Ces contradictions ou cette prise de liberté avec la vérité constituent "le fil" du livre, dit-il, ajoutant avoir publié "la version des évènements que je croyais vraie".
L'éditorialiste multicarte (Hollywood Reporter, Vanity Fair, New York Magazine...), âgé de 64 ans, affirme avoir gravité pendant 18 mois autour de la galaxie Trump, de la campagne présidentielle à la Maison Blanche, et interrogé "plus de 200" personnes, du président à ses proches collaborateurs.
Après l'élection surprise du candidat républicain, auquel le vainqueur ne croyait apparemment pas lui même, l'auteur a demandé à Donald Trump un accès à la Maison Blanche, que le président élu ne lui refuse pas. Il l'avait déjà interviewé durant la campagne. Le journaliste devient alors "une mouche sur le mur", se fondant dans le décor. Il fait le trajet New York-Washington chaque semaine pour devenir un habitué de l'aile Ouest, compilant dans son livre confidences des conseillers de la présidence et anecdotes croustillantes.
Une révélation qui provoque la fureur de Donald Trump
L'une d'elles, publiée mercredi par le quotidien britannique The Guardian, a déclenché les foudres du président américain. Dans un communiqué vengeur, il a accusé son ancien conseiller Stephen Bannon, interviewé par l'écrivain, d'avoir "perdu la raison" pour avoir estimé que son fils aîné Donald Trump Jr. avait commis une "trahison" en rencontrant une avocate russe offrant des informations compromettantes sur Hillary Clinton.
On apprend aussi que le président y est décrit comme quelqu'un qui "ne lit pas, même en diagonale" et qui réagit à l'instinct. Son ancienne chef de cabinet adjointe Katie Walsh aurait dit : "C’est comme d’essayer de comprendre ce qu'un enfant veut".
Mais les publications de l'auteur, basées sur des conversations ou des informations obtenues de source indirecte, ont semé le trouble et provoqué des réactions furieuses au fil de sa carrière.
"Historiquement, l'un des problèmes avec l'omniscience de Wolff est que même s'il peut tout savoir, il a parfois tout faux", écrivait le critique littéraire David Carr dans le Washington Post en commentant un de ses livres, sur le magnat des médias Rupert Murdoch.
La journaliste britannique Bella Mackie, ancienne du Guardian, a estimé sur Twitter que son nouveau livre sur la Maison Blanche était "très divertissant" avant toutefois de mettre en garde que "si vous connaissez bien MW vous l'apprécierez mais ne prendrez pas tout pour argent comptant".
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a fustigé le contenu du livre, affirmant qu'il contenait "beaucoup de choses complètement fausses", assurant que Michael Wolff n'avait eu qu'une "brève conversation" téléphonique de 5 à 7 minutes avec le président depuis son investiture et qui n'avait "rien à voir" avec la présidence.