La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse a alerté la médiatrice de la sécurité sociale sur les difficultés récurrentes que rencontrent ses adhérents pour obtenir leurs congés maternité ou maladie, au point que nombre d'entre eux renoncent à poursuivre leurs démarches. Assimilés à des salariés, les auteurs affiliés à l'Agessa (Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs) ont droit aux prestations du régime général (sauf accident du travail et maladie professionnelle). Mais leur obtention en cas de besoin apparaît aléatoire.
« Il semble que certaines CPAM aient compris le fonctionnement du régime auteurs, d'autres absolument pas. Dans une même CPAM, le sort de l'auteur peut dépendre de l'interlocuteur. Les auteurs eux-mêmes manquent cruellement d'informations sur leurs droits, d'autres les connaissent mais abandonnent de guerre lasse », écrit Sophie Dieuaide, administratrice de la Charte et de la Ligue des auteurs professionnels. Le site de l'Agessa, ou encore service-public.fr, ou celui de la sécurité sociale elle-même (ameli.fr) résument des informations que les agents de l'organisation ne semblent pas connaître - mais que nombre d'auteurs ignorent, ainsi que certains d'entre eux le reconnaissent sur le forum de la Charte.
Aurélie Abolivier, auteure illustratrice, bataille encore pour obtenir le solde de ses droits quinze mois après la naissance de son enfant. Déterminée, elle voulait fournir à partir de son exemple une explication claire des démarches à effectuer et du taux journalier à calculer à l'attention des autres auteures, mais elle décrit surtout une litanie de changements d'interlocuteurs, de multiples mails d'explications et de réponses insatisfaisantes. Titiou Lecoq, journaliste pigiste et auteure de romans et essais, dit avoir renoncé à obtenir un congé maternité à la naissance de son premier enfant, en raison de l'incompréhension qu'elle rencontrait, de même que Sandrine Bonini, auteure et illustratrice, qui se souvient d'avoir « été exaspérée à un point cosmique ».