Livres Hebdo: Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager pour l’écologie ?
Christophe Bonneuil : J’ai vraiment commencé à m’intéresser aux questions environnementales après en avoir lu les grands penseurs des années 1970. Cette époque a été une période de grandes avancées sur les questions environnementales. Après la conférence de Rio en 1992, alors que j’étais étudiant, j’ai animé un groupe centré sur la question devant le Centre Pompidou où j’ai notamment invité René Dumont et Jean-Paul Déléage à participer.
LH: Selon vous, les livres sont-ils le meilleur moyen de révéler les "vérités difficiles à entendre", comme le met en avant la tribune que vous avez signée dans le Soir ?
C. B. : Oui, les livres, tout comme les pièces de théâtre, sont très importants à l’heure actuelle pour sensibiliser les citoyens à la question environnementale. A l’heure où la gestion de l’écologie politique fait du « sur-place », la production éditoriale prolifère. Elle contribue à faire évoluer les choses. Il y a un dynamisme de la publication en matière d’écologie.
LH : Pourquoi et comment est née la collection "Anthropocène" ?
C. B. : Je suis entré aux éditions du Seuil en 2011 pour donner un coup de main à la collection Science ouverte, crée en 1966 par Jean-Marc Levy Leblond. Le responsable de la collection de l’époque m’a alors encouragé à fonder "Anthropocène" et a même insisté pour que la collection porte ce nom-là, qu’on a préféré à des termes plus vagues comme "Écologie". La collection est donc née en 2013 avec une volonté de renouer avec la force de publication qui avait émergé dans les années 1970. Elle comporte aujourd’hui 23 titres, avec un rythme de publication qui s’établit à 4 par an, en moyenne. On en aura 5 en 2019.
LH : Comment la recherche a-t-elle évolué en matière d’écologie ?
C. B. : Ces 30 dernières années, les organisations internationales, comme le GIEC (Groupe inter-gouvernemental sur l’évolution du climat), ont financé des programmes qui nous ont permis d’obtenir des quantités de données plus solides et plus stables sur les questions environnementales. La recherche a contribué à solidifier et à confirmer les alertes lancées des années auparavant. On dispose aujourd’hui de suffisamment de preuves scientifiques pour juger la situation inquiétante. S'il y a quelques années encore on écoutait les voix de climato-sceptiques s’élever, on ne les entend plus maintenant.