6 mai > Essai France

Notre civilisation moderne pourrait disparaître dans "quelques décennies". C’était la conclusion d’une très sérieuse étude en partie financée par la Nasa qui avait fait du bruit il y a quelques semaines dans la presse internationale. Plus récemment, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a livré un rapport catastrophique sur les impacts du dérèglement climatique sur les sociétés humaines, sur les écosystèmes et sur l’agriculture.

Voici un recueil de textes qui permet d’associer la réflexion philosophique et politique à la constatation scientifique. Dans son introduction, Emilie Hache indique qu’un retour sur terre est essentiel puisque nous savons que, pour le moment, il n’y a pas d’autre planète à coloniser. Puisque nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène, celle où l’espèce humaine impose son changement à la nature, un bilan s’avère nécessaire. Nous suivons ainsi les pistes envisagées par l’historien des sciences Christophe Bonneuil, l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, l’historien indien Dipesh Chakrabarty, la philosophe américaine Giovanna Di Chiro, le sociologue français Bruno Latour et la philosophe belge Isabelle Stengers.

Tous sarclent autour des idées nouvelles pour leur donner un peu plus de vigueur et les rendre compréhensibles ou acceptables au plus grand nombre. "Aucun philosophe postmoderne, écrit Bruno Latour, aucun anthropologue, aucun théologien libéral, aucun penseur politique n’aurait osé situer l’influence des humains à la même échelle que les fleuves, les inondations, l’érosion et la biochimie."

L’intérêt de ces contributions est de pointer la difficulté à faire admettre à l’homme sa responsabilité dans des événements qui se déroulent à une échelle non humaine. L’une d’entre elles examine ce que recouvre le sujet infini de la fin du monde qui débouche sur une impossibilité de la concevoir.

Les jeunes éditions Dehors qui veulent exposer les enjeux philosophiques et politiques de l’écologie nous proposent un ouvrage qui aide à réfléchir sur l’idée même de Nature. Où réside-t-on quand on prétend avoir une vue globale de l’univers ? En tout cas, cette entrée dans cette nouvelle ère nous impose d’y insuffler… un nouvel air.

L. L.

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