Recherches

Comparer l'impact sur l'envi-ronnement d'un livre -papier et d'un livre numérique -expose à une réponse frustrante : ça -dépend... de nombreux paramètres. « Si on considère qu'un livre imprimé est lu par deux lecteurs, son impact est réduit de moitié », fait remarquer Françoise Berthoud, ingénieure de recherche au CNRS et fondatrice d'EcoInfo, un groupe de travail et de réflexion sur l'impact climatique des nouvelles technologies. Avec ce critère, les biblio-thèques seraient donc les structures les plus écologiques de la chaîne du livre.

Tout en se gardant d'affirmations tranchées, Françoise Berthoud s'attache à diffuser les faits et les informations propres à susciter la réflexion et la responsabilisation à propos des usages numériques, dont l'immatérialité est trompeuse. « Tout repose sur l'analyse du cycle de vie, et ce qui compte dans le numérique c'est la durée d'utilisation des appareils, en général bien trop courte alors que c'est le paramètre fondamental », insiste-t-elle.

L'effet du fichier lui-même est quasi négligeable, et donc clairement inférieur à l'impact du livre papier, mais il faut y ajouter les ressources nécessaires (eau, métaux rares, plastiques) à la fabrication d'une liseuse, même si elle est moins gourmande qu'un ordinateur, un smartphone ou une tablette. L'étude la plus sérieuse sur le sujet reste celle de trois chercheurs de l'Institut royal de technologie de Stockholm (Suède) publiée en 2011 (International Journal of Life Cycle Assessment), sans égale dans la précision depuis, même si ses auteurs reconnaissent de nombreuses lacunes de données. Toute la chaîne du livre est analysée, en fonction de diverses hypothèses, jusqu'au moyen de transport utilisé par l'acheteur de livres. Côté liseuse, l'analyse du cycle de vie produit l'estimation du nombre de livres numériques lus pour amortir l'impact de l'appareil, en fonction d'une douzaine de critères.

Pour l'émission comparée de CO2, il faut près de 40 livres numériques pour un livre papier, et donc le double si celui-ci est prêté à un autre lecteur. Pour d'autres impacts (changement climatique, utilisation de ressources, écotoxicité, etc.), l'équilibre se trouve à une trentaine de livres, mais il en faut près de 80 pour l'atteinte à la couche d'ozone, 200 pour l'acidification de l'air, et environ 400 pour la pollution de l'eau.

D'autres travaux effectués à partir d'observations recueillies auprès d'utilisateurs produisent des résultats contrastés, faute de données fournies par les vendeurs d'appareils ou de livres numériques, qui disposent pourtant de toutes les informations nécessaires via les comptes clients et les applications de lectures installées sur les terminaux.H. H.

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