Alors que Livres Hebdo célèbre en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.

Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui, retour vers 2030 avec Blandine Genthon, directrice des PUF.

« À l’heure de la post-vérité, le livre de savoirs pourrait bien apparaître comme une valeur refuge »

« Entre la BD documentaire et le petit livre d’intervention sur un sujet d’actualité, y aura-t-il encore, dans cinq ans, de la place en librairie et dans les bibliothèques pour des livres classiques de sciences humaines et sociales ? Des livres qui informent, instruisent, et aident à penser, qui arment intellectuellement les citoyens et citoyennes et mettent la science au service de la société.

Je le crois, tant la demande des lecteurs en livres rigoureux mais accessibles rencontre le souhait de plus en plus marqué des chercheurs et chercheuses d’être utiles et de s’adresser au plus grand nombre. À l’heure de la post-vérité, de la radicalité en politique, et de la forte polarisation d’une partie de la société, le livre de savoirs pourrait bien apparaître dans les prochaines années comme une valeur refuge, un bien que l’on chérit comme lieu de transmission et espace d’ouverture au dialogue.

« Je suis convaincue du pouvoir des sciences humaines et sociales de “réparer le monde” »

Pour reprendre la formule d’Alexandre Gefen à propos de la littérature, je suis convaincue du pouvoir des sciences humaines et sociales de “réparer le monde”. Mais je suis aussi tout à fait consciente de la responsabilité de l’éditeur à cet égard. Car pour qu’un livre circule et soit lu, et qu’il ne s’ajoute pas à la liste trop longue des livres dont on aurait pu se passer, il faut en prendre soin. Le choisir avec attention, l’accompagner avec sérieux et le promouvoir avec sincérité. C’est la seule façon de parvenir à publier des ouvrages clairs, plaisants à lire et désirables, et à maintenir la curiosité des lecteurs pour les livres de sciences humaines et sociales. Avançons sereinement vers 2030, avec soin et attention ! »