Lagardère est divisé en trois partie: les médias, qui pourraient être cédés ensemble ou séparément, la distribution (Lagardère Travel Retail), qui a plombé les résultats annuels à cause de la chute des déplacements d'affaires et de loisirs l'an dernier, et l'édition (Lagardère publishing, soit Hachette Livre, Hachette UK, Hachette Book Group). Cette filiale a été la pépite de l'année avec une rentabilité en forte hausse et un chiffre d'affaires quasi stable.
"L’année dernière a été bonne pour le secteur, et très bonne pour nous" a annoncé Arnaud Lagardère. Dans un entretien aux Echos, Arnaud Nourry, patron d'Hachette, premier groupe éditorial français et parmi les sept grands groupes mondiaux, envoie un message : "Je ne laisserai personne abîmer Hachette Livre. Tout mouvement proche du démantèlement m'est insupportable." "Hachette Livre est bien chez Lagardère, qui en est l'actionnaire depuis quarante ans" ajoute-t-il.
Vincent Bolloré comme cible
Arnaud Lagardère, lourdement endetté, et son groupe, qui a creusé son déficit cette année, luttent contre un dépeçage. Vincent Bolloré (Vivendi, propriétaire d'Editis, rival d'Hachette) lorgne ainsi sur les médias et la filiale édition. Face à ce scénario qui court depuis l'été dernier, quand Vincent Bolloré est devenu l'actionnaire principal de Lagardère, Arnaud Nourry précise : "il n'y a aucune cohabitation possible entre nous et Editis, moins rentable, cela n'a pas de sens stratégique et c'est juridiquement impossible."
Dans cet entretien au quotidien économique, il rappelle que le succès d'Hachette tient justement à sa diversification géographique (manière de faire comprendre que la séparation d'Hachette Livre avec ses filiales américaine, britannique et hispanophone serait un handicap pour l'avenir de la branche), de ses métiers (du scolaire aux jeux, de la littérature à la BD, avec Astérix) et de sa culture: "Pour avoir des talents comme David Shelley au Royaume-Uni, qui est devenu l'éditeur de J. K. Rowling, ou Sophie de Closets chez Fayard en France, qui a récupéré les droits France du livre de Barack Obama, il faut leur laisser la liberté d'expression", ciblant ainsi Vincent Bolloré, accusé d'intervenir régulièrement sur les contenus éditoriaux de ses chaînes de télévision.
Dans cette bataille capitalistique qui opposent Vincent Bolloré/Amber d'un côté et Arnaud Lagardère/Bernard Arnault de l'autre, il n'y aura sans doute aucune décision avant l’assemblée générale, qui se tiendra le 14 juin.