Groupe Lagardère

Les salariés d'Hachette s'alarment d'une "vente à la découpe" du groupe

Siege Hachette Livre 58 rue Jean Bleuzen 92170 Vanves - Siege Hachette Livre - Siege Hachette Livre - Photo Olivier Dion - ©Olivier Dion - Olivier Dion

Les salariés d'Hachette s'alarment d'une "vente à la découpe" du groupe

Alors que des rumeurs relayées dans la presse ces derniers jours font état d'un partage du groupe Hachette entre le clan Lagardère-Arnault d'une part et Vivendi-Bolloré de l'autre, Arnaud Lagardère a démenti, jeudi 5 septembre "négocier une quelconque cession du groupe". Pas de quoi rassurer les 7500 salariés du premier éditeur français, qui redoutent une éventuelle vente à la découpe. 

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Par Pierre Georges
Créé le 05.11.2020 à 22h53

Alors qu'Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré et Bernard Arnault négocieraient une possible vente à la découpe d’Hachette, propriété du groupe Lagardère, les représentants des salariés ne cachent pas leurs inquiétudes.

Dans un communiqué en date du 5 novembre, le comité de groupe Lagardère, réunissant tous les élus de toutes les organisations syndicales représentants les salariés, s’alarme. « L’enjeu de cet affrontement entre milliardaires n’est pas seulement celui de la répartition du pouvoir entre les actionnaires, il est aussi et surtout celui de l’avenir des 25000 salariés du groupe ». 
 
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« Ces salariés sont dans la situation de spectateurs à la fois interloqués et inquiets. Interloqués par la violence feutrée du rapport de force qui oppose les actionnaires. Inquiets des conséquences que ces grandes manœuvres risquent d’avoir sur l’avenir du groupe. Les forces vives du groupe Lagardère ne se résoudront pas à être la variable d’ajustement, dédaignée et déshumanisée, des tractations qui sont menées », y est-il ajouté.

Des inquiétudes encore plus forte du côté de la branche livre du groupe. Les rumeurs de ces derniers jours font état d’une division des activités d’Hachette, l’international rejoignant Vivendi et Vincent Bolloré, Hachette Livre, en France, restant sous contrôle d'un duo Arnault-Lagardère. Et c’est bien cette perspective de scission qui affole les syndicats. « Que l’on soit vendu, que l’on change de patron… soit. Mais si Lagardère devait nous vendre, qu’il nous vende en entier, pas en partie. On sait très bien qu’en divisant, on affaiblit », s’alarme Noëlle Genaivre, à la CFDT éditions, ne pouvant s’empêcher « d’imaginer le pire » au regard des dernières cessions « par petits morceaux » qui sont survenus au sein du groupe Lagardère.

Pour rappel, Hachette compte environ 7500 salariés. Le groupe réalise un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros dans le monde (soit le 6e groupe mondial), dont 834 millions d'euros en France. Il est présent aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans les territoires hispanophones.

Arnaud Lagardère dément 

Il faut dire que les rumeurs vont bon train dans la presse ces deux derniers jours alors que les trois milliardaires ont entamé des négociations pour se partager Hachette, la perle du groupe Lagardère. D’un côté, Arnaud Lagardère et son partenaire Bernard Arnault, qui devraient ensemble garder le contrôle d’Hachette Livre France et des médias du groupe (Europe 1, Paris Match, le JDD). De l’autre, Vivendi et Vincent Bolloré qui mettrait enfin la main sur Hachette international, qu’il marierait avec sa branche éditoriale Editis (733M€ de CA l'an dernier). En plus de cette hypothèse révélée par BFM et confirmée ensuite au Monde, Arnaud Lagardère pourrait négocier l’abandon de son poste d’associé-gérant commandité contre un chèque de 300 millions d’euros en actions. En outre la signature d’un pacte de non-agression avec Bolloré serait sur la table des négociations.

Des informations démenties dans la journée du 5 novembre par Arnaud Lagardère, lors d’une conférence téléphonique donnée pour la présentation du chiffre d’affaires du groupe au troisième trimestre. « Il n'y a pas de négociations sur une quelconque cession du groupe, pas de négociations sur un quelconque changement de la structure en commandite », a tranché le dirigeant français. « A l'évidence, nous avons des discussions avec tous les actionnaires car cela fait partie d'une bonne gouvernance », a-t-il toutefois ajouté.

Sur le troisième trimestre, le chiffre d’affaires de Lagardère a chuté de 38,3% pour s'établir à 1,19 milliard d’euros. Un exercice plombé par les revenus de la branche retail en baisse de 66,1%. En revanche, le chiffre d’affaires du groupe Hachette (Lagardère publishing) progresse de 6% sur la même période pour atteindre 704 millions d’euros.

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