"Pas de bénévoles, pas de bibliothèque." En Grande-Bretagne, alors que les coupes budgétaires affectent gravement les effectifs salariés des bibliothèques, cet adage s’impose à de nombreux établissements. Ian Anstice, blogueur et directeur de la bibliothèque Winsford dans le Cheshire West, était présent jeudi 19 juin lors du 60e congrès de l’ABF pour aborder cette pratique hautement controversée.
Une conséquence directe de la réduction de 30 % des dépenses globales pour les bibliothèques entre 2009 et 2013 est que le personnel rémunéré à temps plein diminue (- 7 % entre 2012 et 2013) tandis que le nombre de volontaires s’accroît (+ 44 % entre 2012 et 2013). "Dans les seules bibliothèques de Londres, 346 postes ont été supprimés en 2013… Et d’autres coupes budgétaires sont prévues jusqu’en 2020", déplore Ian Anstice. "En France, les bénévoles aident les professionnels, ils ne les remplacent pas !" constate-t-il.
Si la gestion des bibliothèques par les bénévoles est parfois soutenue par les municipalités, elle est dans certains cas complètement abandonnée aux mains des volontaires qui ne bénéficient pas toujours d’une formation adéquate. Et malgré les quelques avantages du bénévolat, tels que la bonne connaissance des réalités locales et le dynamisme des équipes, les inconvénients sont bien plus menaçants, selon Ian Anstice. Il évoque par exemple la perte sur le long terme des compétences professionnelles, l’atomisation de la gestion des bibliothèques qui empêche la construction d’un réseau ou la mise en place de politiques nationales, ou encore les difficultés de management qui émergent étant donné qu’il faut en moyenne dix bénévoles pour remplacer un bibliothécaire professionnel.
Souen Léger