Société

Un recueil de témoignages érotiques pour lutter contre la censure

Nicolas Mathieu - Photo © Olivier Dion

Un recueil de témoignages érotiques pour lutter contre la censure

Indigné par l’arrêté du ministre de l’Intérieur à l’encontre d’un livre jeunesse accusé de pornographie, l’écrivain Nicolas Mathieu a réagi en lançant sur Instagram l’hashtag #Wheniwas15, sous lequel de nombreux internautes ont raconté leurs premières expériences sexuelles. Les récits seront bientôt rassemblés dans un recueil, à paraître aux éditions Thierry Magnier.  

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Par Elodie Carreira
Créé le 03.08.2023 à 11h54

Le 18 juillet dernier, le ministre Gérald Darmanin interdisait à la vente aux mineurs l’ouvrage jeunesse Bien trop petit (Thierry Magnier) de l’écrivain Manu Causse, dont le contenu a été jugé « à caractère pornographique ». Une décision « de nature liberticide » selon le Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, qui s’est insurgé sur Instagram : « Nous devrions toutes et tous ensevelir le ministre sous un déluge de nos histoires de cul. Je vais lui en donner une en espérant faire quelques émules ». Signé de l’hashtag #whenIwas15, son récit érotique en a inspiré de nombreux autres, au point que l’écrivain songe désormais à les réunir en recueil chez l’éditeur censuré.

Interrogé par Télérama le 2 août, l’écrivain a confié que cet appel à témoignages est « allé au-delà de ce que j’avais imaginé ». Si l’on ignore le nombre de narrations qu’a reçu l’auteur aux 100 000 abonnés, huit d’entre elles ont été publiées sur son compte Instagram depuis le 22 juillet dernier. L’amant, Au nom de la rose, L’Insoutenable Légèreté de l’être, Les bonheurs de Sophie, Les Chroniques de San Francisco, sont autant de premiers sursauts érotiques, procurés par une littérature parfois censurée, souvent tenue secrète, mais indispensable aux corps et aux désirs qui s’éveillent.

 

En bref, la fièvre a gagné les esprits. Victime, malgré elle, de son succès, l’œuvre censurée a bénéficié d’un tel soutien que les ventes ont bondi de 666% dans la semaine du 17 au 23 juillet, avec une rupture de stock en librairie. De son côté, l’éditeur Thierry Magnier a confié qu’il souhaitait éditer les meilleures récits-témoignages sous la forme d’un recueil :  « Il faut en faire un vrai livre ! Participer était un acte militant, l’éditer aussi », a-t-il glissé à Télérama, assurant que l'intégralité des profits réalisés sera directement reversée à une association.

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