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Roman jeunesse censuré : le SNE demande un réexamen de la loi de 1949 sur les publications pour la jeunesse

L'interdiction de "Bien trop petit", paru en septembre dernier dans la collection L'Ardeur des éditions Thierry Magnier, a boosté ses ventes.

Roman jeunesse censuré : le SNE demande un réexamen de la loi de 1949 sur les publications pour la jeunesse

En réaction à l’arrêté ministériel du 17 juillet dernier interdisant la vente aux mineurs de l’ouvrage jeunesse Bien trop petit (Thierry Magnier) de Manu Causse, le Syndicat national de l’édition (SNE) demande la réévaluation de la loi du 16 juillet 1949.

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Par Elodie Carreira
Créé le 27.07.2023 à 12h25 ,
Mis à jour le 27.07.2023 à 21h18

A la suite d’un arrêté émis le 17 juillet par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sur la base de la loi du 16 juillet 1949 concernant les publications à destination de la jeunesse, le roman Bien trop petit (Thierry Magnier, 2022) de l’écrivain Manu Causse a été interdit à la vente aux mineurs. Une décision qui a ému le monde de l’édition, dont le Syndicat national de l’édition (SNE). Dans un communiqué, l'instance remet ainsi en question « la cohérence et l’efficacité de règles définies il y a près de 75 ans ».

Tout en rappelant « son attachement indéfectible aux principes de liberté de création et de publication, dans le respect des dispositions légales destinées à protéger les personnes mineures », le SNE a donc demandé que soit révisée la loi du 16 juillet 1949, qui autorise le ministre de l’Intérieur à interdire ou restreindre la diffusion d’un ouvrage si celui-ci présente « un danger pour la jeunesse ». Si le texte présente comme dangereux les contenus « à caractère pornographique ou susceptibles d'inciter au crime ou à la violence, à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes », le SNE interroge pour sa part « la cohérence et l’efficacité de règles définies il y a près de 75 ans, alors que n’existaient pas les principaux vecteurs actuels d’exposition des mineurs aux contenus visés par la loi. »

« Étonnement » et « perplexité »

De la même manière dans un communiqué du 26 juillet, la Société des gens de lettres (SGDL) a pointé du doigt l’incohérence, voire l’hypocrisie, d’une telle interdiction, compte-tenu de la libre diffusion, notamment sur le Web, de contenus qui, eux, relèvent bien des critères énoncés par ladite loi. « Les critères d’appréciation sur lesquels le ministre de l’Intérieur a fondé sa décision (…) suscitent pour le moins l’étonnement et la perplexité », a ainsi déclaré la SGDL, rappelant que « le livre de Manu Causse, qui traite de la sexualité, des complexes et des inquiétudes qu’elle fait naître chez les adolescents, ne semble a priori relever d’aucun des motifs précités ».

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