A la suite d’un arrêté émis le 17 juillet par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sur la base de la loi du 16 juillet 1949 concernant les publications à destination de la jeunesse, le roman Bien trop petit (Thierry Magnier, 2022) de l’écrivain Manu Causse a été interdit à la vente aux mineurs. Une décision qui a ému le monde de l’édition, dont le Syndicat national de l’édition (SNE). Dans un communiqué, l'instance remet ainsi en question « la cohérence et l’efficacité de règles définies il y a près de 75 ans ».
Tout en rappelant « son attachement indéfectible aux principes de liberté de création et de publication, dans le respect des dispositions légales destinées à protéger les personnes mineures », le SNE a donc demandé que soit révisée la loi du 16 juillet 1949, qui autorise le ministre de l’Intérieur à interdire ou restreindre la diffusion d’un ouvrage si celui-ci présente « un danger pour la jeunesse ». Si le texte présente comme dangereux les contenus « à caractère pornographique ou susceptibles d'inciter au crime ou à la violence, à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes », le SNE interroge pour sa part « la cohérence et l’efficacité de règles définies il y a près de 75 ans, alors que n’existaient pas les principaux vecteurs actuels d’exposition des mineurs aux contenus visés par la loi. »
« Étonnement » et « perplexité »
De la même manière dans un communiqué du 26 juillet, la Société des gens de lettres (SGDL) a pointé du doigt l’incohérence, voire l’hypocrisie, d’une telle interdiction, compte-tenu de la libre diffusion, notamment sur le Web, de contenus qui, eux, relèvent bien des critères énoncés par ladite loi. « Les critères d’appréciation sur lesquels le ministre de l’Intérieur a fondé sa décision (…) suscitent pour le moins l’étonnement et la perplexité », a ainsi déclaré la SGDL, rappelant que « le livre de Manu Causse, qui traite de la sexualité, des complexes et des inquiétudes qu’elle fait naître chez les adolescents, ne semble a priori relever d’aucun des motifs précités ».