Livres Hebdo : Les femmes ne meurent pas par hasard, votre première bande dessinée, a remporté le prix Babelio 2025. Comment avez-vous vécu l’annonce de cette distinction ?
Anne Bouillon : Je suis très touchée, à titre personnel, et aussi par le fait que le choix se soit porté sur un ouvrage qui traite d’une problématique aussi essentielle. Je suis d’autant plus attachée à ce prix qu’il vient directement du grand public. Cela redonne de l’espoir quant à la perspective d’une société plus égalitaire. Si les lecteurs sont sensibles aux violences faites aux femmes, c’est que la question les préoccupe réellement.
Comment est né ce projet avec Steinkis et pourquoi avoir choisi le format de la bande dessinée ?
Le projet d’écrire un roman graphique est ancien. Il est notamment né de ma rencontre avec ma coautrice Charlotte Rotman. Cela a déclenché un véritable élan d’écriture : j’ai rédigé mon essai, Affaires de femmes (l'Iconoclaste), et Charlotte, qui m’a suivie pendant trois ans, a eu l’idée d'écrire une bande dessinée. Les éditions Steinkis nous ont suivi tout de suite.
Choisir la bande dessinée a été un choix essentiel pour moi. C’est un format qui permet de toucher un public différent de celui visé par un essai. Certains lecteurs se sentent plus libres, voire plus légitimes, à lire des romans graphiques. Par ailleurs, il me semble fondamental de diversifier les supports. Grâce au travail remarquable de Lison Ferné, cet ouvrage est aussi particulièrement réussi sur le plan esthétique. Je pense qu’il touche un large public, précisément parce qu’il est à la fois accessible et visuellement très beau.
Avez-vous d'autres projets éditoriaux en cours ?
Oui, j’ai un projet de roman. J’aimerais raconter des histoires , la mienne, mais aussi et surtout celles des femmes que je défends. Le roman est un vecteur très efficace pour sensibiliser à ces questions. Je viens de terminer la série Arte Querer de Alauda Ruiz de Azua, ce qui m’a rappelé à quel point il est important de poursuivre ce travail.
Mon prochain roman paraîtra chez L’Iconoclaste, comme mon premier essai. D'ailleurs, je rencontre mon éditrice aujourd'hui : nous en sommes encore à la genèse du projet.