La nécessité d'offrir, à tout moment, aux enfants d'approcher la littérature se renforce dans l'urgence sanitaire. Cela nous a conduits à créer un salon virtuel : “10e Art, les chemins buissonniers de la littérature jeunesse”. Cette initiative a tenu ses promesses au-delà de nos espérances. Témoin, s'il en était besoin, de la nécessité d'une littérature contemporaine propre à élargir l'espace dans lequel chacun a été amené à se confiner. Et maintenant ?
C'est toujours l'urgence qui préside à nos réflexions pour chercher à adapter aux conditions actuelles notre événement estival le Parc d'attractions littéraires qui s'installe habituellement en juillet, dans le parc départemental de la Courneuve. Cet été, plus encore que d'habitude, cette rencontre ludique et inédite avec la littérature jeunesse nous semble essentielle. Car les inégalités d'accès à l'éducation et à la culture des enfants et des jeunes de Seine-Saint-Denis se sont démultipliées dans la crise sanitaire. Car les familles de ce département seront encore plus nombreuses, cette année, à ne pas partir en vacances. Car l'ampleur de la fracture numérique, pour beaucoup de foyers de ce département, vient nous alerter sur les limites de construire les échanges scolaires et culturels sur le mode digital uniquement. Aujourd'hui plus qu'hier, le besoin de rencontres et d'interactions littéraires est primordial pour qu'à la peine sanitaire et sociale ne vienne s'ajouter une peine culturelle.
Divers scénarios alternatifs
Alors, comment concilier les mesures de précaution indispensables, les distanciations, les gestes barrières avec un Parc de jeux littéraires en plein air, imaginé dans le contact étroit avec les œuvres, pensé pour accueillir une multitude de groupes et de familles ? Notre équipe s'occupe à résoudre cette équation qui semble difficilement soluble pourtant. Toucher plus de monde avec les mots, les images littéraires, offrir une proximité physique avec la lecture, rapprocher la littérature de tous les quartiers. Rendre compatibles la sécurité sanitaire et la fréquentation culturelle sans attendre des jours meilleurs. Aucune décision n'est encore arrêtée. Envisager divers scénarios alternatifs ou complémentaires permet de s'adapter aux évolutions de la situation. Ce qui compte pour nous, c'est de ne pas renoncer à cette ambition.
Le cœur du programme dans tous les cas sera le même : trente ateliers de jeux, d'écriture et de dessins autour de dix héroïnes et héros de bande dessinée et de littérature de jeunesse créés par quinze artistes du 9e et 10e art. Déclinés dans dix cahiers de vacances littéraires publiés à 20 000 exemplaires, ils pourront être portés aux enfants et aux familles dans les accueils de loisirs et les quartiers.
Certains d'entre eux, reproduits en grand, pourront faire l'objet de mini-ateliers pour dix personnes dans le cadre d'un parc d'attractions littéraires sous forme décentralisée, avec de petites unités mobiles qui se déplaceraient vers les enfants. Ces ateliers pourraient également s'installer dans le parc départemental de la Courneuve. Pour chacune de ces possibilités, la scénographie et les animations joueront sur les interactions à distance et, autant que nous le pourrons, ces initiatives seraient accompagnées des livres à acheter ou à adopter par l'intermédiaire de dons ou de chèques lire.
Enfin, comme nous nous y sommes engagés, nous exposerons, dans le parc de la Courneuve, les affiches créées dans le cadre du challenge BD Foot. Une sorte de parcours sportif littéraire qui durera tout l'été.
Produire les gestes éthiques
Nous vivons cela comme un premier chemin pour participer à la reprise et l'évolution des actions littéraires et de la chaîne du livre. Et le jour d'après après?
Je crois qu'il faut nous promettre de veiller à alimenter l'imaginaire des enfants d'une littérature exigeante, ouverte, prospective pour habiter le monde complexe que nous leur léguons. Il nous faudra garder mémoire des dysfonctionnements rendus criants par la situation sanitaire. Trouver l’énergie, les chemins collectifs pour ouvrir des futurs possibles, savoir réfléchir et produire les gestes éthiques qui concernent notre filière, pour un avenir plus solidaire et plus soucieux des fragilités de chaque maillon de la chaîne du livre. »
Et vous ? Racontez-nous comment vous voyez le jour d’après, comment vous imaginez la relance de votre activité en nous écrivant à l'adresse confinement@livreshebdo.fr