Avant-critique Beau livre

Sous la direction de Jeanne Brun, "Apocalypse. Hier et demain" (Bibliothèque Nationale de France)

William Blake (1757-1827), La Mort sur son cheval pâle. - Photo © Fitzwilliam Museum / Bridgeman Images

Sous la direction de Jeanne Brun, "Apocalypse. Hier et demain" (Bibliothèque Nationale de France)

Le catalogue de l'exposition « Apocalypse » à la BnF traite de la fin des temps avec des textes signés Frédéric Boyer, Emanuele Coccia ou encore François Angelier, sous la direction de la commissaire générale Jeanne Brun.

Parution 30 janvier

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Par Sean Rose
Créé le 04.02.2025 à 14h00

Apocalypse waouh ! « Et j'ai vu de la gueule du dragon, de la gueule de la bête, de la gueule du -pseudo-prophète, trois souffles esprits impurs jaillir comme des grenouilles. [...] Et un immense séisme. Comme, non, jamais il n'y en eut depuis que l'humanité est sur terre. Un séisme d'une telle secousse, d'une telle puissance ! » Jean témoigne de la vision de la fin des temps qui lui est dévoilée sur l'île de Patmos et qu'il retranscrira dans l'Apocalypse. Le dernier livre du Nouveau Testament est éponyme de l'exposition de la Bibliothèque nationale de France (BnF), qui ajoute en sous-titre « Hier et demain ». Le catalogue, sous la direction de la commissaire générale Jeanne Brun, reflète le foisonnement iconographique relatif au Jugement dernier et montre la perception de ce scénario eschatologique au fil des âges. C'est que l'Apocalypse, terme théologique signifiant « révélation » en grec, n'a cessé d'inspirer. Du Moyen Âge à l'époque contemporaine, elle a nourri l'imaginaire aussi bien des moines enlumineurs que des auteurs de SF, tant l'œil des réalisateurs de films catastrophe que la palette d'artistes visionnaires. Joyau de l'institution parisienne, le Beatus de Saint-Sever datant du XIe siècle est l'unique copie française de la révélation de Jean de Patmos commentée par l'abbé espagnol Beatus de Liébana. Les images de ce manuscrit exceptionnel illustrent le récit johannique : l'ouverture des sept sceaux, les cavaliers de l'Apocalypse, la grande prostituée de Babylone... La figuration du déluge, avec corps d'hommes et d'animaux désarticulés, convulsés par la douleur, est particulièrement effroyable. L'ayant admirée, Picasso s'en souviendra en peignant Guernica.

Le propos de l'exposition, approfondi par les textes de ce catalogue, se décline de manière tripartite : la source même, l'Apocalypse de Jean, accompagnée de réflexions théologiques et philosophiques signées Frédéric Boyer ou Emanuele Coccia ; l'apocalypse comme désastres vécus à travers les conflits sanglants de l'histoire - ces misères de la guerre telles que représentées par Jacques Callot ou Goya - ou en tant qu'attrait romantique pour le sublime et le cauchemar de l'embrasement final ; l'apocalypse projetée dans l'avenir avec la science-fiction qui, dût-elle être laïcisée, garde, ainsi que le rappelle -François Angelier, « la mémoire des origines johanniques des fictions apocalyptiques ». En ces temps d'éco-anxiété et au vu de catastrophes climatiques bien réelles, ce thème de la fin du monde est on ne peut plus d'actualité.

Sous la direction de Jeanne Brun
Apocalypse. Hier et demain
Bibliothèque nationale de France
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 49 € ; 264 p.
ISBN: 9782717729641

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