"Les quelques affaires rendues publiques notamment par des articles de presse ne doivent pas faire oublier que la plupart du temps, les cas d’ingérence dans l’offre proposée par les bibliothèques demeurent inconnus du public. Malheureusement, la loi ne procure actuellement aucune protection contre l’arbitraire" se désolent les associations.
Les bibliothèques garantes du pluralisme
Deux affaires ont conduit à ce rappel. Tout d'abord celle de la médiathèque Edouard Glissant au Blanc-Mesnil, dont "une part des choix d’achat de livres de la collectivité est en passe d’être sous-traitée au profit d’une toute jeune association bénéficiant d’une subvention municipale", Alexandre & Aristote. "Sous couvert de partenariat, [cette association] fournit ses propres recommandations de lecture dont on peut voir une piètre démonstration sur un site en construction." Or, le bibliothécaire a un rôle découvreur et prescripteur: "Cette mission n’a nul besoin d’être sous-traitée à un tiers privé. "
À Sassenage, c'est l’abonnement au Canard enchaîné qui a été supprimé. le maire "justifie cette décision par l'arrêt à terme des abonnements aux journaux d'actualité, abandonnés au motif de concurrence déloyale aux buralistes." Ce qu'aucune étude n'a démontré.
Or, rappellent les associations, dans le cadre de la politique documentaire, les professionnels des bibliothèques sont garants des "équilibres de toutes sortes, à l’indispensable pluralisme des goûts, genres et orientations, sans jamais faire prévaloir leurs propres opinions" et "Les usager·ère·s à titre individuel ou collectif, les groupes de pression de tous ordres, n’ont pas non plus à interdire ou imposer des choix au nom d’une idéologie, d’une croyance ou d’un groupe particulier de la société."
Les représentants des bibliothécaires s'inquiètent de ces interventions directes et de ces ingérences de la part de "leur hiérarchie administrative et les autorités responsables, publiques ou privées, politiques ou universitaires", concernant les acquisitions de contenus ou de titres.