Turquie

Orhan Pamuk : "On ne peut pas s'asseoir et écrire son roman quand Can Dündar est en prison."

Orhan Pamuk. - Photo David Shankbone CBY3.0

Orhan Pamuk : "On ne peut pas s'asseoir et écrire son roman quand Can Dündar est en prison."

Le Prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, dont le nouveau roman paraît demain en Turquie, a profité d'un entretien promotionnel pour accuser l'Europe de complaisance vis-à-vis de son pays, alors que deux journalistes d'opposition ont été condamnés à la prison à vie.

Par Vincy Thomas,
avec afp Créé le 01.02.2016 à 15h24

L'écrivain turc Orhan Pamuk accuse l'Union européenne de complaisance envers la Turquie, affirmant qu'elle choisit d'en ignorer les atteintes à l'état de droit en raison de la crise des migrants et de la lutte contre Daech, dans un entretien paru dimanche dans le quotidien Hürriyet

La justice turque a requis mercredi la prison à vie à l'encontre de deux journalistes d'opposition, Can Dündar et Erdem Gül, dans la ligne de mire du président Recep Tayyip Erdogan pour un article accusant le régime d'avoir livré des armes aux islamistes syriens.
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"Je suis du genre à dire 'parlons uniquement de littérature', mais ce n'est plus possible”, a ajouté Pamuk. "On ne peut pas s'asseoir et écrire son roman quand Can Dündar est en prison." Le Prix Nobel de littérature vient de terminer un nouveau roman, La femme aux Cheveux rouges, qui paraîtra mardi dans son pays.
 
"Ils (les Européens) ont oublié toutes leurs valeurs", a-t-il déclaré, ajoutant: "Ils nous regardent comme ils regardaient l'Arabie saoudite autrefois: si (les Turcs) font ce que nous voulons, peu importe ce qu'ils font chez eux".
 
Selon l'écrivain, le combat contre le groupe Etat islamique et la crise des migrants, deux défis pour lesquels l'UE ne peut pas se passer de la Turquie, "a lié les mains de l'Europe

Un plan d'action

Ankara et Bruxelles ont signé fin novembre un "plan d'action" qui prévoit une aide européenne de 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. Bruxelles a accepté dans le cadre de cet accord de relancer les discussions d'adhésion de la Turquie à l'UE, freinées depuis longtemps par plusieurs dossiers, dont celui des droits de l'Homme.
 
Le gouvernement islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan est accusé par ses détracteurs de vouloir faire taire toute voix critique en Turquie, avec des pressions de plus en plus importantes sur les médias. Depuis quelques mois, les éditeurs de presse comme de livres sont sous la pression de groupes d'activistes favorables au président turc, allant jusqu'à commettre des actes de vandalisme et de violence.

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