Le livre en 2030

Natacha de la Simone (L’Atelier) : « La librairie de demain sera portée par le désir des jeunes libraires »

Natacha de la Simone, responsable de la librairie L'Atelier, à Paris - Photo DR

Natacha de la Simone (L’Atelier) : « La librairie de demain sera portée par le désir des jeunes libraires »

LH Le Magazine a cinq ans, en septembre. L'occasion pour la rédaction de Livres Hebdo d'interroger un large panel d'acteurs du monde du livre et de leur demander comment ils l'imaginent dans cinq ans. Aujourd'hui Natacha de la Simone, responsable de la librairie L’Atelier, à Paris (XXe).

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Par Alexandre Mouawad
Créé le 02.09.2025 à 16h51

Alors que Livres Hebdo célèbre en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.

Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui retour vers 2030 avec Natacha de la Simone, responsable de la librairie L'Atelier, dans le XXe arrondissement de Paris :

« Je ne sais pas si le modèle de librairie qui est le mien sera toujours désirable dans cinq-dix ans »

« Pour la première fois de ma vie professionnelle, depuis 25 ans, je ne suis plus tout à fait sûre que perdurera d’ici dix ans la forme de librairie à laquelle je participe. Les évolutions des pratiques en amont et en aval se multiplient et s’accélèrent, se font plus insistantes, plus manifestes.

L’usage des tablettes se généralise même si cela reste un usage ponctuel, pour les vacances par exemple. Les livres audio aussi font florès, dans la foulée des podcasts. Ce ne sont pas des gestes devenus principaux ou exclusifs mais ça grignote de l’espace. Comme les livres d’occasion. Sans compter les contingences économiques plus triviales, comme les loyers, les frais de port.

« La librairie suivra nécessairement le chemin que prendront les maisons d’édition et on sait combien ce paysage est bousculé ces derniers temps »

Et puis la conception du métier plus généralement. D’aucuns parlent aujourd’hui de librairie “curatée”. Drôle d’idée. En dehors des points Relay, où les étalages de presse comme de livres sont conçus par d’autres, toutes les librairies reflètent le choix de celles et ceux qui les tiennent. On oublie parfois que c’est ce qui fait une librairie. Même si ces choix n’apparaissent pas forcément radicaux ou explicites.

Je ne sais pas si le modèle de librairie qui est le mien, une librairie de quartier, qui fait le liant entre les âges, les classes, les gens de passage et les habitués aux opinions variées, sera toujours désirable dans cinq-dix ans. Quoi qu’il en soit la librairie suivra nécessairement le chemin que prendront les maisons d’édition et on sait combien ce paysage est bousculé ces derniers temps. De toute façon, ce n’est plus mon rôle d’inventer la librairie de demain. Elle sera portée par le désir des jeunes libraires, des jeunes éditeurs et éditrices, de celles et ceux qui n’ont pas aujourd’hui 35 ans. Ils et elles sauront accommoder les pratiques de leur génération à la nécessité de maintenir des lieux où faire vivre et lire le papier. »

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