Soutenue au départ, en 2012, par une commande publique de l’Etat-région de Bavière, légataire des droits d’auteur d’Adolf Hitler, celle-ci a failli ne pas voir le jour après la brusque volte-face du président de la région Horst Seehofer, par ailleurs dirigeant de la CSU (Union chrétienne-sociale de Bavière), qui a annoncé son retrait du projet en décembre 2013. Mein Kampf reste néanmoins interdit, les 16 Etats-régions ayant annoncé leur intention de poursuivre les éditeurs qui se risqueraient à publier ce texte sans commentaires.
Cela ne devrait pas être le cas avec cette édition critique. Celle-ci a été dirigée par Christian Hartmann, spécialiste d’histoire militaire et du national-socialisme, responsable notamment de l’édition des discours et écrits d’Hitler. De l’austérité de la présentation à son prix élevé (59€), tout a été conçu pour faire du livre un anti-best-seller: un appareil critique conséquent de plus de 3700 notes cerne ses 1948 pages réparties sur deux tomes, détaillant le contexte historique, les échos entre les annonces programmatiques et le déroulement de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi les sources – pamphlets et fascicules antisémites, complotistes ou "völkisch" ayant nourri la pensée du Führer, à l’instar des textes d’Ernst Moritz Arndt ou Theodor Fritsch.
Mein Kampf, livre hybride entre autobiographie et programme politique, fut entamé par Hitler dans la cellule de la prison de Landsberg où il passa neuf mois après son putsch raté de novembre 1923, et dont il terminera la première partie six mois plus tard. Il ne terminera le deuxième volume qu’en 1926, deux ans après sa libération. Celui-ci se vendra à douze millions d’exemplaires.