Alors que Livres Hebdo célèbre en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.
Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui, retour vers 2030 avec Lloyd Chéry, créateur du podcast « C’est plus que de la SF », auteur et rédacteur en chef adjoint de Métal Hurlant.
« La BD n’est plus populaire »
« Dans cinq ans, je me vois continuer à faire de la bande dessinée et à animer le podcast C’est plus que de la SF, qui compte aujourd’hui entre 15 000 et 20 000 auditeurs uniques par mois. J’aimerais bien lancer un label éditorial en lien avec le podcast et, pourquoi pas, assurer une mission de direction artistique pour un festival. J’ai remarqué que les milieux de l’animation, de la BD et du cinéma, notamment de genre, ont du mal à se rencontrer.
Je crois que nous avons besoin d’espaces de discussions dédiés pour que les artistes puissent interagir, voire résonner ensemble. Je crois aussi qu’aujourd’hui, le marché de la BD a atteint sa limite. Avec un prix souvent supérieur à 30 euros, la BD n’est plus populaire. À côté de cela, il y a beaucoup trop de titres et la plupart paraissent dans l’indifférence.
« Le secteur de l’édition est peu enclin à prendre des risques »
J’espère donc qu’en cinq ans, une prise de conscience va s’opérer ; qu’il y aura moins de titres, mieux travaillés, et que l’on parviendra à créer l’événement autour d’eux. Je suis quelqu’un d’optimiste, mais il est vrai que, de façon générale, le secteur de l’édition est peu enclin à prendre des risques. Pourtant, c’est justement ce qui me motive : lancer des projets un peu hors normes, comme le Mook de Dune, qui s’est tout de même écoulé à 23 000 exemplaires. Il faut dire que j’ai été formé par Daniel Morin, qui m’a donné le meilleur conseil au monde : “Dans un monde d’eau tiède, il faut faire de l’eau chaude.” »