Une version numérique de Libération, augmentée de huit pages par rapport à la version papier, dont certaines ouvertes aux livres, va être proposée prochainement par le quotidien déjà consulté sous cette forme par 40 000 abonnés (dont 28 000 par abonnement couplé avec la version papier) : «Les tablettes ont tout changé, et nous avons la chance que le format Tabloid de Libération soit très adapté à la version numérique », justifie Sylvain Bourmeau, directeur adjoint de la rédaction du quotidien chargé de la culture et des idées, avant d’ajouter : «Il nous permet de continuer ce que l’on sait faire, en collaboration avec le service photo et la maquette. » Un mode de diffusion privilégié, devant les difficultés de la distribution papier : «Le numérique, c’est désormais le meilleur des deux mondes. »
Pas question pour autant, malgré la fragilité des kiosques, de renoncer au bon vieux journal. Mais le responsable culture regarde avec intérêt le monde - relativement stable - de la librairie. «Il y a une alliance à construire avec les libraires, insiste-t-il. Ce genre de question doit être considéré pour prendre le virage assez rapidement », poursuit le journaliste, citant pour l’exemple Le Parisien, déjà vendu dans les boulangeries. «Les lecteurs de Libé sont des lecteurs de livres, sa vente en librairie se justifierait », explique-t-il. Parce que le quotidien, qui « traite l’actu façon magazine », habitue ses lecteurs à des articles longs. Et parce qu’il les incite à la lecture, avec des propositions de titres dans chaque rubrique, outre celles du cahier « Livres » du jeudi dirigé par Claire Devarrieux : «Nous sommes parmi les rares à faire l’événement à partir d’un livre », souligne encore Sylvain Bourmeau, signataire avec Gérard Lefort et Philippe Lançon de la double page consacrée à celui de Marcela Iacub, collaboratrice du journal, et annoncé en une le 21 février dernier : « On a découvert le jeudi matin dans Le Nouvel Observateur que ce livre existait, et on a eu le même sentiment que c’était un livre important. »
Autre piste de développement, les forums, dont certains sont organisés en partenariat avec les libraires. Pour 2013, Sylvain Bourmeau en annonce 23, contre 3 en 2010, avec pour certains des possibilités d’accueil de 30 000 personnes, tandis que d’autres, comme les masterclass de philosophie, sont plus confidentiels : « C’est l’occasion de faire du journalisme "live" », explique encore Sylvain Bourmeau, qui n’exclut pas de développer les coéditions. Le livre du 40e anniversaire de Libération, fêté en novembre prochain, sera ainsi réalisé avec Flammarion. Mais dès à présent les festivités démarrent avec les témoignages des lecteurs sur Internet. On retrouvera le quotidien au Salon du livre, qui, une fois de plus, confie son numéro, daté du 21 mars, à 40 écrivains, avec cette année Virginie Despentes pour rédactrice en chef pressentie.
M.-C. I.