Qu'ont en commun Donald Trump, les milliardaires, les seigneurs de la Tech et les dirigeants de la communication ? Ils sont, selon Giuliano Da Empoli, les « puissants » du « nouveau monde ». Dans son essai L’heure des prédateurs, publié chez Gallimard le 3 avril dernier, l’écrivain italien en dresse les portraits et propose une réflexion sur la figure du chef dans l’ère contemporaine.
Très remarqué, le livre fait son entrée dans le classement GFK/Livres Hebdo directement en 5e position.
« Une posture de scribe aztèque »
C’est notamment en tant que conseiller entre 2014 et 2016 de Matteo Renzi, ancien maire de Florence et ancien président du Conseil italien, que Giuliano Da Empoli a côtoyé ces nombreuses personnalités. Assemblée générale à l’ONU, salon à Riyad, à l’Élysée, dîner du Parti démocrate à Chicago... l’auteur a été, durant plusieurs années, totalement immergé dans le monde des puissants.
Dans son essai, l’écrivain revendique « posture d’un scribe aztèque » et se place de l’autre côté du miroir pour décortiquer cette nouvelle ère des dominants qu’il qualifie « d’héritiers de César Borgia ». Elon Musk, le Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane, le président salvadorien Nayib Bukele, Alexander Nix, fondateur de Cambridge Analytica, Google, Méta, l’intelligence artificielle, Donald Trump, le chaos… tous les sujets contemporains passent sous sa plume et son analyse.
Dans un entretien à France Inter le 3 avril, Giuliano Da Empoli explique avoir « abandonné la fiction, parce que parfois la réalité a plus d'imagination » pour écrire ce livre.
L’heure des prédateurs a d'ailleurs largement séduit les lecteurs : tiré à 85 000 exemplaires, il a bénéficié d’une réimpression de 20 000 copies dès le lendemain de sa sortie selon Gallimard, avec des ventes dépassant déjà les 18 000 exemplaires.
Un écrivain visionnaire
Giuliano Da Empoli, par ailleurs enseignant à Science Po, n’en est pas à son coup d’essai : après Les ingénieurs du chaos (Lattès, 2019), son best-seller Le mage du Kremlin, paru chez Gallimard en 2022, a remporté le Grand Prix du roman de l'Académie française et était fortement pressenti pour le Goncourt. Il s'est aujourd'hui écoulé à plus de 725 000 exemplaires tous formats confondus.
Publié peu de temps après le début de la guerre en Ukraine, et souvent qualifié de visionnaire, le roman plonge son lecteur dans les rouages du pouvoir russe et présente notamment un conseiller de Vladimir Poutine très inspiré de Vladislav Sourkov, qualifié par L'Express de « vrai mage du Kremlin ». Une adaptation au cinéma portée par Jude Law et réalisée par Olivier Assayas devrait bientôt voir le jour.
Giuliano Da Empoli a également dirigé le nouveau numéro de la revue Le Grand Continent : « L’Empire de l’ombre. Guerre et terre au temps de l’IA », à paraître le 17 avril prochain, et toujours chez Gallimard.
