De nouveau placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris en mai dernier, les éditions de La Différence font face à une escalade de difficultés financières, résultat d’une « gestion calamiteuse et d’un violent conflit entre dirigeants », peut-on lire dans un article du Monde.
Créées en 1976 par Joaquim Vital, Marcel Paquet, Patrick Waldberg et Colette Lambrichs, les éditions de La Différence n’en sont pas à leurs premières difficultés. Malgré son catalogue de 2000 titres en littérature, essais et philosophie, la société avait déjà été placée en liquide judiciaire en 2017. A l’époque, elle est reprise par le mécène Claude Mineraud et échappe à la liquidation, annulée deux ans plus tard.
Après le départ du « sauveur », c’est Soufiane Bensabra, actuel actionnaire et courtier en œuvres d’art, qui prend la relève et nomme, à la direction, Jean-Pierre Archenoult, éditeur de longue date et restaurateur de tableaux. Ensemble, ils décident de diversifier les activités de la maison, et la dote d’une librairie dédiée à la valorisation du fonds littéraire. Mais la gestion économique de la société prend rapidement une tournure désastreuse : les rémunérations des salariés prennent de plus en plus de retard et les nouvelles publications sont suspendues.
Des accusations mutuelles
En automne 2021, Jean-Pierre Archenoult accuse Soufiane Bensabra de faire du trafic d’œuvres d’art sous couvert des activités de la maison. S’ensuit une plainte contre l’actionnaire pour « escroquerie », « menaces » ou encore « abus de confiance ». De son côté, Soufiane Bensabra tente de révoquer l’éditeur pour « gestion défaillante de la société, ayant provoqué le départ de plusieurs collaborateurs et plusieurs recours devant le conseil des prud’hommes », dont celui d’une ancienne salariée de la librairie.
L’actionnaire finit par reprendre la présidence de la maison. Sans résultat. D’après Le Monde, Ariana Saenz Espinoza, alors directrice littéraire, porte maintenant plainte pour harcèlement moral contre le propriétaire. Dans le même temps, les dettes s’accumulent, éveillant les soupçons de la justice qui depuis mène l’enquête, sans pour autant parvenir à contacter Soufiane Bensabra.