“Il faut arrêter les bras des casseurs”, martelait Vladimir Susanj, membre de l'intersyndicale des Archives et secrétaire général de la CGT-Archives, jeudi après-midi, devant le parvis de l'Hôtel de Soubise, un bâtiment des Archives nationales.
Mardi 14 septembre, lors d'une assemblée générale, le personnel a voté la grève “à une majorité écrasante”. Depuis ce jeudi 16 septembre au matin, le personnel des Archives nationales occupe l'Hôtel de Soubise, pour protester contre l'installation de la future Maison de l'Histoire de France, lieu officialisé par Nicolas Sarkozy samedi dernier.
Le préavis, déposé au ministre de la Culture, est reconductible à compter de vendredi 24 septembre au matin. Et depuis ce jeudi, le personnel des Archives occupe les lieux.
“Les sacs de couchage sont prêts, ce n'est pas une opérette, nous allons rester ici 24 heures sur 24, jusqu'à ce que le gouvernement entende raison”.
Ce week-end, les Journées européennes du patrimoine, les 18 et 19 septembre, utilisées comme outil de propagande, seront placées sous le signe de la lutte.
Des tracts vont être distribués “pour avertir et convaincre la population toute entière” de signer la pétition qui circulera.
Rendez-vous avec le ministre le 23 septembre
Jeudi 23 septembre, un rendez-vous est prévu avec le gouvernement : “Attendons de voir ce que Nicolas Sarkozy et Frédéric Mitterrand ont à nous dire au delà de la réthorique qu'ils emploient dans la presse”, a lancé Vladimir Susanj.
Le projet de renforcement des moyens alloués aux Archives nationales, initié par Jacques Chirac en 2004, repris en 2007 par Nicolas Sarkozy a pris une nouvelle dimension.
D'après Vladimir Susanj, il ne s'agit plus d'un dimensionnement mais d'une révision totale menant à l'affaiblissement des Archives, matière première essentielle et objective pour près de 40 000 lecteurs en 2009.
Trois représentantes syndicales ont précisé qu'il convenait de “dissiper une illusion ”, car de nombreuses personnes se réjouissent de ce projet de Maison de l'histoire de France. “Mais on nous enlève nos bâtiments”, “on touche à nos métiers, à nos missions”.
Avec ce projet, les Archives nationales seraient amputées de leurs missions culturelles, pédagogiques et scientifiques, notamment concernant la collecte et la conservation des minutes de notaires.
De plus, la Maison de l'histoire de France nécessite environ 10 000 m2 sur les 35 000 au total du quadrilatère que forment les Archives nationales. La “question de la répartition des espaces est un mensonge, une consternation”, selon Jean-Pierre Brunterc'h, conservateur en chef aux Archives nationales de France, responsable de la Section ancienne.
Nicolas Monquaut, secrétaire général de la CGT-Culture, a annoncé la solidarité de son syndicat aux grévistes, pointant la démarche de Nicolas Sarkozy qui “veut sa Maison alors qu'il n'a pas un caramel, pas un sou, pas un emploi à créer” et se contente de “sucer la substantifique moelle” des institutions déjà existantes...