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Les adaptations littéraires, pilier stable de la fiction européenne

Le Forum Séries Mania se tient pendant trois jours lors du festival éponyme, à Lille - Photo © ED

Les adaptations littéraires, pilier stable de la fiction européenne

Dans un paysage audiovisuel européen marqué par une concurrence exacerbée, les adaptations littéraires s'imposent comme un élément stratégique pour les producteurs de séries et de téléfilms, selon une étude présentée au festival Séries Mania.

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Par Éric Dupuy à Lille,
Créé le 26.03.2025 à 18h31

Selon une étude menée par l'Observatoire européen de l'audiovisuel et présentée lors du festival Séries Mania, les adaptations représentent 12 % de la production de fictions en Europe entre 2014 et 2022, soit environ 1 200 œuvres produites sur huit ans. Un chiffre stable qui souligne leur importance dans l'industrie.

Le livre, source numéro un des adaptations

Parmi les différentes sources d'adaptations (théâtre, bandes dessinées, blogs, mangas, jeux vidéo), le livre domine largement : trois quarts des adaptations européennes sont issues d'œuvres littéraires. « Les livres offrent une base narrative riche, des personnages développés et un arc émotionnel déjà prêt, ce qui constitue un atout majeur pour les créateurs », explique Agnès Schneeberger, analyste des marchés audiovisuels à l'Observatoire.

Séries Mania Lille
C'est tout le marché de la série audiovisuelle qui se donne rendez-vous à Lille au festival Séries Mania- Photo © ED

Un autre enseignement clé de l'étude réside dans la préférence accordée à la littérature contemporaine : deux tiers des adaptations sont basées sur des œuvres récentes, tandis qu'un tiers provient de classiques du XXe siècle et antérieurs (seulement 5 % pour ces derniers). « La littérature contemporaine offre des perspectives et des valeurs actuelles qui résonnent avec les jeunes publics et facilitent l'exportabilité des productions », analyse Agnès Schneeberger.

Des adaptations majoritairement nationales

L'étude révèle que les adaptations littéraires sont principalement issues de best-sellers nationaux. « Cela reflète une tendance observée dans l'édition : les livres qui dominent les classements des ventes dans un pays sont souvent des œuvres nationales », observe la docteure en philosophie. En revanche, les remakes de séries sont plus souvent internationaux, illustrant une dynamique différente dans la transposition des contenus audiovisuels.

L'exemple britannique : un gisement d'adaptations

Le Royaume-Uni se détache nettement comme le leader européen des adaptations, un quart des adaptations produites en Europe étant issues d'œuvres britanniques. « Avec des auteurs emblématiques comme Shakespeare, Jane Austen, Dickens ou Agatha Christie, le Royaume-Uni dispose d'une réserve littéraire d'une portée mondiale », souligne Agnès Schneeberger.

Outre le Royaume-Uni, d'autres pays affichent une forte propension aux adaptations, notamment la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Dans les pays nordiques, le « Scandinavian noir » est une source récurrente de transposition audiovisuelle.

Streamers et co-productions : moteurs des adaptations

Les plateformes de streaming jouent un rôle croissant dans la dynamique des adaptations. Bien qu'elles ne commandent que 14 % des productions de fiction en Europe, elles recourent proportionnellement plus aux adaptations que les chaînes de télévision classiques. « Les streamers ont un besoin rapide d'accéder aux marchés européens, et les adaptations leur offrent un levier stratégique », précise la spécialiste.

Par ailleurs, les adaptations sont deux fois plus fréquentes dans les co-productions que dans les productions nationales. « Lorsqu'il y a plusieurs parties prenantes, s'appuyer sur une histoire préexistante réduit le risque et facilite la collaboration », poursuit-elle.

Un format incontournable pour l'avenir

Les adaptations littéraires s'imposent ainsi comme une valeur sûre dans la production audiovisuelle européenne. « Elles offrent une sécurité aux créateurs tout en assurant un confort aux audiences, avec des histoires familières revisitant des univers connus », résume Agnès Schneeberger. Avec la stabilisation du marché des plateformes et le besoin d'exportabilité des contenus, cette tendance devrait se poursuivre et renforcer encore l'interaction entre édition et audiovisuel.

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