"Malgré ses douze ans d’existence, Books n’est pas parvenu à trouver le modèle économique qui lui aurait permis de survivre. Une entreprise non rentable doit disparaître : c’est dans l’ordre des choses. Ce qui peut sembler moins normal, c’est qu’un magazine de qualité dont le seul objectif est de promouvoir le bon usage de l’esprit critique ne puisse trouver de repreneur suffisamment convaincu de l’intérêt de cet objectif pour investir dans la recherche d’une solution. La société française est-elle à ce point en déclin ?" s'interroge Olivier Postel-Vinay, alors que l'ultime numéro, le n°112, sera consacré à la bêtise (et au pessimisme).
Triple peine
Déjà dans son édito d'octobre, le directeur alertait sur la vulnérabilité du modèle: "Vous nous avez soutenus, parfois très concrètement, à l’occasion des deux campagnes de financement participatif que nous avons menées ou encore par des dons, via l’association Presse et Pluralisme. Hélas, pour parodier Romain Gary, le ticket de Books n’est plus valable. Non pas le concept, qui a fait ses preuves et dont on peut souhaiter qu’il perdure, mais le modèle économique. Ce modèle, je l’ai mis en œuvre à une époque aujourd’hui révolue. Il s’agissait, dans la grande tradition des magazines papier, de tabler sur trois types de recettes : la vente au numéro, la publicité et les abonnements. Suivant l’évolution générale de la presse écrite, la vente au numéro a baissé et les recettes publicitaires se sont effondrées. Seuls les abonnements se sont maintenus. Et, en l’espace d’un an, nous avons subi une triple peine : les grèves de décembre-janvier, la pandémie de Covid-19 et la faillite de Presstalis, le principal distributeur de presse en France."