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La Seconde Guerre mondiale, pilier toujours solide des rayons d’histoire

Rayon Histoire de la Librairie L'écume des mots (Paris) - Photo Louise Ageorges

La Seconde Guerre mondiale, pilier toujours solide des rayons d’histoire

Ce 8 mai 2025 marque les 80 ans de la capitulation de l’Allemagne nazie. Portée par une mémoire toujours vive et un lectorat fidèle, la période de la Seconde Guerre mondiale est l'objet d'une abondante production et s’impose comme une valeur sûre de l’édition historique.

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Par Louise Ageorges
Créé le 06.05.2025 à 16h27

Chaque année, les commémorations du 8 mai viennent rappeler la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Mais chez les éditeurs et les libraires, l’intérêt pour le conflit mondial ne connaît pas de répit. « La période est globalement porteuse, au-delà des commémorations », constate Nicolas Gras-Payen, directeur littéraire chez Passés Composés. « Mais un “anniversaire” aide à une meilleure réception des livres », précise-t-il. L’éditeur cite notamment Auschwitz 1945 d’Alexandre Bande, publié en janvier. La maison avait déjà amorcé cette dynamique avec la publication de 8 jours en mai, du journaliste allemand Volker Ulrich (2023), et poursuit l’exploration visuelle du conflit avec Histoire de la guerre en infographie, un ouvrage collectif de Vincent Bernard, Julien Peltier et Laurent Touchard (2024).

« Le sujet n’est pas inépuisable, mais il reste encore beaucoup à exhumer »

Chez Perrin, Benoît Yvert évoque une programmation « riche, pensée très en amont ». On y trouve notamment Histoire totale d’Olivier Wieviorka. Republé chez Perrin en avril 2025, l’ouvrage, cité par de nombreux libraires spécialisés, cumule 56 712 exemplaires vendus (données GFK). L’éditeur cite également Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes de Jean Lopez, Benoist Bihan et Nicolas Aubin (2024), ou encore 1945, un album grand format signé Jean-Christophe Buisson (2024). « Le sujet n’est pas inépuisable, mais il reste encore beaucoup à exhumer », poursuit l’éditeur, qui a publié pour les 80 ans une plaquette présentant 80 titres phares publiés par la maison sur le conflit.

Même tonalité chez Tallandier où Xavier de Bartillat souligne une présence constante du sujet dans les rayons : « C’est la période qui se tient le mieux. Chaque année, nous remettons en avant nos titres forts, comme ceux sur Oradour-sur-Glane ou la bataille du Cotentin. » La maison prévoit notamment deux parutions le 8 mai dans la collection Texto : Le D-Day de Churchill d'Allen Packwood et Richard Dannatt, et Jean Moulin, le héros de la Résistance de Fabrice Grenard. « Nous cherchons à renouveler le genre par les témoignages inédits, les archives et la recherche », explique l'ancien directeur de la maison devenu conseiller.

En librairie, une visibilité permanente, mais sélective

À la librairie L’Écume des pages (Paris), Sylvain, libraire spécialisé, confirme : « Le rythme de parution est quasi permanent. Il ne suffit pas d’un anniversaire, il faut que l’ouvrage se distingue vraiment. » Il cite Terre de sang, de Timothy Snyder, dont la version poche paraît chez Gallimard en juin prochain, Jusqu’au bout de la nuit, biographie de Jacques Benoist-Méchin par Éric Roussel (2025, Perrin), ou encore certains récits de survivants, qui marchent selon lui de façon inégale. « Ce ne sont pas les témoignages en soi qui suffisent, il faut une approche originale, une vraie proposition. »

Même constat chez Agathe Avon, à la librairie Mollat (Bordeaux), qui installe cette année une mise en avant pour les 80 ans de la commémoration. « En janvier, c’est la libération des camps d’Auschwitz. En mai, la Libération. En juin, la guerre au Japon. Chaque anniversaire a ses publications. » Sur la table : des best-sellers comme Les irresponsables de Johann Chapoutot. Publié en février 2025 chez Gallimard, l’ouvrage s’est déjà écoulé à 28 774 exemplaires. La libraire dispose également certains ouvrages de référence, comme Eichmann à Jérusalem d'Hannah Arendt ou les écrits de Ginette Kolinka, comme Une vie heureuse, paru au Livre de Poche en janvier 2025 (60 074 exemplaires vendus).

En revanche il n'y a pas de mise en avant prévue à la librairie Ombres Blanches (Toulouse). Adrien Rogge, peut déjà compter sur le fonds important dédié à la période : « La Seconde Guerre mondiale occupe à elle seule trois bibliothèques chez nous. C’est énorme. » Il évoque un autre succès de Johann Chapoutot : Le monde nazi : 1919-1945 (2024, Tallandier), vendu à 26 529 exemplaires et Ce que j’ai vu à Auschwitz d’Alter Fajnzylberg, paru en janvier aux éditions du Seuil.

Chez Decitre (Lyon), Jocelin Duclos met en avant le bon accueil réservé aux nouveautés, notamment Un père ordinaire de Philippe Douroux paru en février dernier chez Flammarion, et Les filles de Birkenau d’Isabelle Choko, Judith Elkan-Hervé, Ginette Kolinka et Esther Senot, paru en janvier 2025 aux Arènes.

 

Bibliographie complémentaire :

  • Columbusstrasse : une histoire de famille : 1935-1945, de Tobi Dahmen, traduit par Élise Nicoli (Robinson), paru le 23 avril : chronique des années de guerre en Allemagne. À travers l'histoire de sa famille, Tobi Dahmen propose une réflexion sur la mémoire allemande et les questions de responsabilité politique et personnelle.

  • Le front de l’Est de Michaël Bourlet (Glénat) à paraître le 7 mai : illustré de photographies colorisées, le récit de la guerre entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie du 22 juin 1941 au 8 mai 1945. Elle se déroule sur le plus vaste théâtre d’opérations terrestres de la Seconde Guerre mondiale, et probablement de l’histoire de l’humanité.

  • Si c’est un homme de Primo Levi (Robert Laffont), à paraître le 7 mai : interné à Auschwitz de 1943 à 1945, Primo Levi livre un témoignage empreint de dignité, qui est aussi une réflexion morale sur la douleur et la survie. Publié pour la première fois en 1958 en Italie.

  • Les Enfants de la liberté, de Marc Levi (Robert Laffont), à paraître le 7 mai : le 21 mars 1943, un jeune homme de 18 ans monte dans un tramway, direction le maquis. En dix minutes, il change de nom : Jeannot. Ainsi commence son engagement, et celui de milliers d’autres, dans la Résistance.

  • La pensée nazie, de Laurence Rees traduit par Léa Jaillard (Arpa) à paraître le 8 mai : Analyse de 12 mécanismes ayant permis à la doctrine nazie de s'imposer, tels que les théories du complot, l'hyper-leadership et la déshumanisation des victimes. Ces outils ont justifié une vision du monde prédatrice et meurtrière. L'autrice montre que ces processus restent pertinents au XXIe siècle, alors que les démocraties reculent face à de nouvelles menaces autoritaires.

  • Douze histoires d’après-guerre, de Graham Swift (Gallimard), à paraître le 8 mai : douze nouvelles où l'auteur met en scène des personnages ayant vécu la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences.

  • Boemelburg : chef de la Gestapo en France, de Gérard Chauvy et Philippe Valode (Nouveau Monde Éditions), à paraître le 14 mai : nommé à la tête de la Gestapo à Paris en 1940, Karl Boemelburg bénéficie d'une grande liberté d’action et de liens étroits avec la police française. Les auteurs reviennent sur sa lutte contre la Résistance, qu'elle soit communiste, gaulliste ou indépendante. Il est responsable de l’arrestation de 300 000 Français, dont 88 000 furent déportés.

  • Radio Londres : La Deuxième Guerre mondiale racontée par les Français libres (Grasset), à paraître le 14 mai : 55 textes tirés des émissions françaises diffusées sur la BBC, offrant un autre regard sur l’histoire de la Résistance.

  • Les enfants du pays : histoire intime d’une rafle, de Frédéric Sallée (Flammarion), à paraître le 14 mai : docteur en histoire, l’auteur raconte une enquête personnelle sur les événements qui ont touché sa famille durant la guerre.

  • Les chemins de la Libération : de la Normandie à Berlin, de Jean-Baptiste Gilou et Jean-Paul Viart (Éditions Umami), à paraître le 15 mai : retour sur la dernière année de la guerre, illustré de nombreuses photographies d’époque.

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