"En animation, France Télévisions privilégie les adaptations d’une manière exagérée… Une telle politique pénalise la rémunération des auteurs, puisqu’une part du droit d’auteur revient à l’auteur de l’œuvre originale", s'émeut la SACD, qui pointe que, dans le cas des adaptations, le montant des droits texte versés aux scénaristes se trouve amputé de la part versée à l’éditeur pour l’auteur de l’œuvre d’origine.
Les pressions de la société d'auteurs ont eu leurs premières conséquences dès le dernier Mifa (Marché international du film d’animation, 17-19 juin) d'Annecy, où France Télévisions a annoncé son intention de réduire la part de l’adaptation dans ses programmes d’animation jeunesse "pour encourager la création originale".
Dans la foulée, au même Mifa, la présidente du Centre national du cinéma (CNC), Frédérique Bredin, a annoncé vouloir réformer les aides attribuées grâce à son Cosip (Compte de soutien à l'industrie des programmes) et limiter les dépenses d’acquisition de droits d’adaptation dans l’assiette des dépenses éligibles.
Un bon auteur est un auteur mort…
Ces deux mauvais coups portés au monde du livre suscitent d'ores et déjà de nombreuses réactions. Pour le P-DG du Seuil, Olivier Bétourné, président de la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française, qui a reçu de la SACD en 2014 plus de 5 millions de droits, un montant en hausse constante depuis dix ans), "c'est un dossier technique mais aussi très politique, qui prend un tour inquiétant". Pour les éditeurs, ces mesures de rétorsion sont "tout à fait inacceptables", ajoute-t-il.
Olivier Bétourné considère en particulier le plafonnement des aides à l’adaptation comme une mesure "discriminatoire". Et de promettre dès l'automne une réplique à cette "offensive délibérée qui vise à marginaliser les éditeurs".
Directeur général de Média Participations, Claude de Saint-Vincent se demande pourquoi France Télévisions et le CNC devraient se plier aux injonctions de la SACD. Il rappelle que les adaptations renvoient leur public en librairie et que l’audiovisuel doit rester "un outil de promotion de la lecture". "Pour la SACD, un bon auteur est un auteur mort, si possible depuis plus de 70 ans", s'insurge-t-il.