Bande dessinée

La nouvelle BD de Bastien Vivès s'attire la colère des associations de protection de l’enfance

"La Vérité sur l'affaire Vivès" est publié chez Charlotte éditions, mercredi 16 octobre. - Photo Charlotte éditions

La nouvelle BD de Bastien Vivès s'attire la colère des associations de protection de l’enfance

Alors qu’il publie, ce mercredi 16 octobre, La Vérité sur l’affaire Vivès (Charlotte Éditions) — satire revancharde après que ses œuvres ont été accusées de faire l’apologie de la pédopornographie et de l’inceste —, le dessinateur Bastien Vivès suscite de nouveau la colère de ses détracteurs.

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Par Elodie Carreira
Créé le 16.10.2024 à 16h42

Après avoir signé son grand retour dans les pages du premier numéro de Charlotte mensuel, lancé par Vincent Bernière, Bastien Vivès revient, ce mercredi 16 octobre, avec La Vérité sur l’affaire Vivès publié au sein du label Charlotte Éditions. Titre revanchard, celui-ci ironise au moyen de la fiction sur les déboires de son auteur, accusé à de multiples reprises de complaisance à l’égard de la pédopornographie et de l’inceste. Une posture qui n’a pas manqué de déclencher la colère des associations de protection de l’enfance.

Les associations mobilisées contre « la culture de la pédocriminalité »

« Bastien Vivès aurait pu revenir avec un autre livre. On ne lui interdit pas de faire son travail, on ne remet pas non plus son talent en question. Mais un an après avoir présenté ses excuses, il revient avec un titre qui insulte l’ensemble des victimes d’inceste en France », explique à Livres Hebdo Arnaud Gallais, cofondateur de l’association Mouv’Enfants et ancien membre de la Ciivise (Commission indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants). « À l’heure où a lieu le procès Pélicot, où les prises de parole se multiplient, Bastien Vivès se permet de tourner la situation des victimes en dérision », poursuit-il.

Pour dénoncer la parution de l’album, les militants de Mouv’Enfants avaient notamment prévu de se mobiliser « pacifiquement » devant le siège de Charlotte Éditions. « La maison d’édition est tout aussi responsable. En publiant ce titre, elle participe à la culture du viol », argue Arnaud Gallais. L’association a également diffusé une pétition en ligne « pour que le monde de la BD cesse d’alimenter la culture de la pédocriminalité ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, la pétition a été signée par plus de 9 000 personnes.

Déprogrammé d’Angoulême

Longtemps qualifié de surdoué irrévérencieux de la bande dessinée, Bastien Vivès devait faire l’objet, en 2023, d’une exposition carte blanche pour le 50ᵉ anniversaire du Festival international de la BD d’Angoulême. C’était sans compter sur ses détracteurs, pour qui au moins trois de ses titres – Petit Paul (2018), La Décharge mentale (2018) et Les Melons de la colère (2021) – « présentent un caractère pédopornographique ». Suite à ces accusations, le dessinateur avait été victime de cyberharcèlement et de menaces physiques. Motif retenu par l’organisation du FIBD pour déprogrammer l’exposition et son auteur.

Bastien Vivès avait également présenté ses excuses, assurant n’avoir « à aucun moment voulu blesser des victimes de crimes et abus sexuels ». Aujourd'hui encore, il invoque la fiction et la liberté d’expression. « Je me retrouve dans un truc qui me paraît très kafkaïen. On parle de représentations, de dessins, de personnages fictifs. Ou alors les règles du jeu ont complètement changé, et je ne m’en suis pas rendu compte », a-t-il déclaré auprès de l’AFP.

« Bastien Vivès donne son ressenti, sa vérité à lui et il en a parfaitement le droit »

De son côté, l’éditeur de Charlotte Editions et du magazine du même nom, Vincent Bernière, admet « ne pas avoir compris la polémique ». « Les détracteurs de Bastien ne savent pas de quoi ils parlent puisqu’ils n’ont probablement pas lu l’album. Les livres sont faits pour être lus et pourtant, ils sont de plus en plus l’objet ou le résultat de polémique sans même avoir été parcourus, déplore-t-il. Je n’ai aucun mal à publier un titre que j’estime brillant et qui ne tombe pas sous le coup de la loi. D’ailleurs, de façon générale, les images de Bastien Vivès jouent sur un humour pornographique et caricatural qui parodie la BD érotique des années 70, mais elles ne prêtent à aucune confusion ».

L'éditeur se réjouit par ailleurs d’une première impression à 20 000 exemplaires et d’une mise en place à 10 000. « C’est une bonne bande dessinée, un livre de fiction où l’on peut rire toutes les trois pages et qui, sous couvert d’humour, donne des éléments en faveur de la liberté d’expression et contre le lynchage médiatique. C’est l’œuvre d’un auteur qui prétend avoir bonne conscience et qui se moque du suivisme des médias, de la bêtise des policiers, de la bêtise humaine tout simplement, détaille-t-il, ajoutant qu’il s’agit aussi de la première œuvre autobiographique de l’auteur. Bastien donne son ressenti, sa vérité à lui et il en a parfaitement le droit ».  

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