Bande dessinée

Charlotte mensuel, le nouveau magazine de BD au ton « terriblement libéré »

Ecrivain et journaliste, Vincent Bernière est également le fondateur de la maison Revival, dédiée à la réédition de BD anciennes et à l'édition de nouveaux talents mondiaux. - Photo Youri Lenquette

Charlotte mensuel, le nouveau magazine de BD au ton « terriblement libéré »

Sous l’égide de Vincent Bernière, le nouveau magazine Charlotte mensuel, disponible en kiosque et en librairie le 29 septembre prochain, entend réconcilier « les Anciens et les Modernes » de la bande dessinée.

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Par Élodie Carreira
Créé le 24.06.2024 à 18h09

« Un espace de création au ton terriblement libéré ». C’est ainsi que Vincent Bernière, figure hybride de la presse et de l’édition passé par Technikart, à l’origine de la nouvelle formule de Métal Hurlant et repreneur des Cahiers de la BD, définit la ligne éditoriale de son nouveau-né. Clin d’œil amical à la revue de Georges Wolinski, Charlie mensuel - qui avait fait connaître le roi du comic strip, Charles Schulz, et ses Peanuts (ou Snoopy en français) -, Charlotte mensuel entend transcender les générations de dessinateurs avec « une sélection de BD venues du monde entier, en phase avec son époque ». Fruit d’une campagne de financement participatif réussie, le premier numéro d’une série de dix par an, dont deux doubles, bénéficiera d’une mise en place à 15 000 exemplaires. Il paraîtra en kiosque et en librairie le 29 septembre.

Des récits variés, venus du monde entier

« Je voulais un journal mensuel de bande dessinée susceptible de varier les formats avec des récits courts, des récits à épisodes, des traductions nord-américaines et japonaises mais aussi espagnoles, argentines, sud-coréennes… », explique Vincent Bernière à Livres Hebdo. Nostalgique des fanzines et des périodiques BD des années 1980, dont il a vu la qualité s’atrophier à mesure que les albums édités gagnaient en succès, le rédacteur en chef a voulu renouer avec un modèle en voie de disparition, Fluide Glacial mis à part.

Vivès
Dans "La Vérité sur l'affaire Vivès", l'auteur revient sur la polémique qui a enflé suite à l'annonce de sa programmation au festival d'Angoulême 2023.- Photo CHARLOTTE MENSUEL

« À la fin des années 1990, les journaux ne faisaient plus d’effort, il n’y avait même plus de cliffhanger à la fin des épisodes. Les lecteurs préféraient donc attendre la sortie du titre complet », regrette ce spécialiste du 9e art, rétorquant que « le journal n’est pas un livre ». Charlotte mensuel ne sera donc pas un magazine de prépublication, mais de récits légers, vecteurs « de l’énergie de la création ».

Des contributeurs controversés

Peu convaincus par le projet, les premiers auteurs contactés par le rédacteur en chef avaient pourtant décliné l’invitation. C’était sans compter les sulfureux Bastien Vivès et Florent Ruppert – l’un, accusé de complaisance à l’égard de la pédopornographie, a été déprogrammé du festival d’Angoulême en 2023, l’autre a fait l’objet de deux plaintes pour agressions sexuelles et viol en 2021 -, que le rédacteur en chef a réuni au café Le Floréal à Paris.

« Ce sont de supers auteurs de BD », assure-t-il, précisant l’apolitisme de son magazine. Et d’ajouter : « Je trouvais injuste que Vivès soit empêché de créer à cause d’une controverse qui me semble injustifiée ». Justifiée ou non, celle-ci a néanmoins rebuté nombre d’autrices, qui ont refusé de collaborer avec la revue en raison de la contribution des deux illustrateurs. Le rédacteur en chef s’est donc tourné vers l’Américain Chris Ware, auteur de Jimmy Corrigan, rejoint par son acolyte, Seth, et une myriade de jeunes plumes à l’instar de Benjamin Marra, Noah Van Sciver, Morgan Navarro, mais aussi d’illustres comme Lauzier, Florence Cestac, l’Espagnol Jordi Bernet ou le spécialiste nippon de l’horreur Hideshi Hino.

Chris Ware
Planche extraite du Dernier samedi de Chris Ware, largement inspiré des aventures de "Peanuts", version adulte.- Photo CHARLOTTE MENSUEL

Une douzaine de chroniques viendront également enrichir le numéro dont des poèmes de Michel Houellebecq illustrés par Louis Paillard, l’avis d’Axelle Le Dauphin dans « Fallait pas l’inviter », celui de la doctorante Fleur Hopkins-Loféron sur les auteurs BD du XXe siècle qui ont imaginé la fin du monde ou encore ceux de Nicolas Tellop et de Vladimir Lecointre.

Une maison d’édition dans la continuité éditoriale du magazine

Au total, seul un tiers des récits des contributeurs sera transposé en ouvrages, publiés au sein du label Charlotte éditions. Constituée de huit titres par an, la maison d’édition sera, comme les dix numéros du mensuel, diffusée par Delsol et distribuée par Hachette. Elle s’ouvrira le 16 octobre sur La Vérité sur l’affaire Vivès, signé par le concerné et tiré à « minimum 25 000 exemplaires ». Suivront Les Derniers jours de Pompeo de l’Italien Andrea Pazienza, décédé d’une overdose à l’âge de 37 ans et pour la première fois édité en France. Au premier trimestre 2025, Vincent Bernière prévoit également d’importer les Américains Johnny Ryan et Benjamin Marra avec Fat Cop et What We Mean By Yesterday. Des œuvres dans la continuité éditoriale d’un mensuel qui se veut « un rendez-vous des passionnés de BD ».

 

Charlotte mensuel
En kiosque et en librairie le 29 septembre
13,90 euros

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