Justice

Menaces de mort contre Bastien Vivès : entre 2 et 5 mois de sursis prononcés contre les prévenus

L'exposition du dessinateur de Petit-Paul au Festival d'Angoulême est annulée - Photo Joel Saget/ AFP

Menaces de mort contre Bastien Vivès : entre 2 et 5 mois de sursis prononcés contre les prévenus

Bastien Vivès, présent sur le banc de la partie civile ce jeudi 13 juin, n’a pas souhaité prendre la parole au cours du procès.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 13.06.2024 à 17h20

Ils pourraient être les personnages d'un numéro spécial de Lastman, du nom de la série de bande dessinée signée Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville, tant leur groupe est mal assorti. Des personnages qui se seraient révoltés contre leur scénariste, Bastien Vivès : ce jeudi 13 juin, quatre prévenus avaient répondu à leur convocation à la barre du tribunal correctionnel de Paris (un cinquième ne s'étant pas présenté) avec pour seul point commun d'être accusés d'avoir menacé de mort le bédéiste. Ces menaces ont été proférées en ligne, sur Instagram ou X (anciennement Twitter). Un « effet de meute » selon les avocats de la partie civile, des accusations décorrélées de leur contexte et sans lien avec la campagne de harcèlement en ligne qu'a vécu l'auteur, selon les défendeurs.

Pour comprendre, il faut remonter un peu plus d’un an en arrière. Début 2023, alors que le festival d’Angoulême est sur le point d’ouvrir une exposition dédiée à Bastien Vivès, une violente polémique explose. Ciblant trois titres : Petit Paul (Glénat, 2018), La Décharge mentale (Les Requins Marteaux, 2018) et Les Melons de la colère (Les Requins Marteaux, 2011), l’association Face à l'inceste relance une enquête contre Bastien Vivès. Elle l’accuse de diffusion d'images pédopornographiques. Une affaire qui n’a pas fini de faire couler de l’encre puisque l’enquête préliminaire est encore en cours à Nanterre. Dès le dépôt de la plainte, elle avait généré un flot de haine sur les réseaux. « Vivès est devenu leur bouc émissaire. Il a été victime d’une violence incommensurable », lancent les avocats de la partie civile.

Une affaire de catharsis

Parmi ces messages, ceux de Julien*, Hugo* et Yanis* dont aucun n'a lu de BD de l’auteur. Particulièrement violents, ils le menacent de mort  avec moult détails : images de balles de Kalachnikov, insultes et textes décrivant coups de fouet et enfermement dans une cave... tout y passe. De leur côté, Iris* et Anna*, toutes deux dessinatrice ou artiste, on lu certaines œuvres de Bastien Vivès. Des ouvrages qu’elles ont trouvé particulièrement choquants et auxquels elles ont répondu par des menaces. « J’ai lu en ligne les strips de Vivès intitulés The Lesbians que j’ai trouvés insultants et homophobes », explique Anna, encore étudiante et habitant chez ses parents. Comme les autres prévenus, elle insiste : elle a conscience aujourd’hui de la gravité de ses actes mais ne s’est pas rendu compte de leur portée sur le moment. « À cette époque-là, j’utilisais Twitter comme un journal intime. Dire “on va te faire la peau” est cathartique », ajoute-t-elle.

Et voilà sans doute le nœud du problème. Au-delà de la polémique Vivès, de plus en plus de procès pour harcèlement en ligne ont lieu entre les murs du tribunal ces dernières années. « Ça suffit de menacer de mort derrière un écran ! », s'énervent les avocats de la partie civile. « Il n'y a pas d'impunité derrière les écrans », claironne la procureure. Pour l’exemple, mais aussi pour apprendre, elle réquisitionne quatre mois de prison avec sursis et huit mois pour le prévenu absent, Yanis. Le tout, assorti d’un stage de citoyenneté autour de la haine en ligne. Ce sera finalement trois mois de prison avec sursis pour Julien, Hugo et Anna, deux mois pour Iris et cinq pour Yanis, tranche le président. Des peines particulièrement lourdes… Pour donner l’exemple ?

*Les prénoms ont été changés

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