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En Inde, la Villa Swagatam réinvente le concept de résidence

Lors de la présentation de la saison 2 de la villa Swagatam, Vincent Èches, directeur de la Cité BD d’Angoulême, a annoncé la première exposition rétrospective sur la bande dessinée indienne, qui se tiendrait en Inde en 2026 et en France en 2027. Ici avec - Photo Alexandre Mouawad

En Inde, la Villa Swagatam réinvente le concept de résidence

Le coup d’envoi de la deuxième saison du nouveau réseau de résidences créatives venant d’Inde été donné le 25 avril dans les locaux de l’Institut français, à Paris, en présence de l’équipe indienne en charge du programme.

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Par Alexandre Mouawad
Créé le 26.04.2024 à 12h03

Il y avait les villas Médicis (Italie), Kujoyama (Japon) et Albertine (États-Unis) ou encore la casa Velasquez (Espagne)… Depuis mai 2023, il faut aussi compter avec la Villa Swagatam, en Inde, parmi les réseaux de résidences artistiques et littéraires français.

En fait de bâtiment historique, la villa en question est un nouveau type de résidence, pluriel, écologiquement responsable, durable culturellement et respectueuse du contexte postcolonial dans lequel elle s’inscrit.

Comme le rappelle Emmanuel Lebrun-Damiens, directeur de l’Institut français en Inde, « il n’est plus question de faire venir des artistes en Inde depuis la France pour une tournée de trois jours. En 2024, ce n’est plus possible ». Aussi, les trente résidents de l’année prochaine, répartis sur 18 lieux en Inde et un au Bangladesh (avant Le Bhoutan et le Sri Lanka pour la saison trois) inscrivent-ils leur démarche dans la durée avec l’intention de bâtir des ponts entre la France et l’Inde, comme ont pu le faire en leur temps l’écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière, la femme de théâtre Ariane Mnouchkine ou le Prix Nobel de littérature Rabindranath Tagore.

Chacun des 20 lieux (dont sept sont dédiés à la création littéraire) est lié à des partenaires solidement implantés dans l’écosystème local : une communauté de femmes pratiquant la culture de l’indigo au cœur du Rajasthan, la maison d’édition artisanale Tara Books au cœur de la forêt d’Auroville ou encore la librairie-café Rachna Books à Gangtok, dans le Sikkim, d’où officiera le bédéiste Simon Lamouret cet été…

Optique de réciprocité

À partir de cette année, dans une optique de réciprocité, dix lieux prestigieux recevront en retour des artistes et écrivains indiens en France. La Villa Gillet, la Maison Julien Gracq, la maison de la poésie de Nantes, la Marelle à Marseille ou la Cité internationale de la bande dessinée à Angoulême au sein de laquelle un Français et un Indien passeront un mois avant de s’envoler ensemble pour Goa.

Signe de l’intensification des relations bilatérales franco-indiennes, trois mois après la visite d’Emmanuel Macron en Inde et après que la France a été reçue en grande pompe au salon international du livre de New Delhi en 2023, l’Hexagone sera prochainement l’invité d’honneur au Kerala Literature Festival, prévu en janvier 2025 avec le concours du BIEF.

Villa Swagatam saison 2 bis
Gita Wolf, éditrice chez Tara Books, est venue partager son expérience d’hôte de la résidence. Elle présente l’ouvrage Seed, fabriqué à la main depuis le papier jusqu’à la brochure, vendu 75 dollars et imprimé à 2000 exemplaires- Photo ALEXANDRE MOUAWAD

« C’est un cercle vertueux, nous assure Julia Trouilloud, attachée livre et débat d’idées à l’Institut français en Inde. D’un côté, la littérature indienne est de plus en plus décloisonnée dans les collections françaises et intègre les catalogues généralistes quand elle a longtemps été réservée à des collections dédiées telles que la prestigieuse “Lettres indiennes" chez Actes Sud. Aujourd’hui Robert Laffont publie Deepti Kapoor, tandis que le roman de la primoromancière Shubhangi SwarupDérive des âmes et des continents, est sorti chez Métailié et que l'excellent Black River de Nilanjana Roy paraîtra prochainement aux éditions de l’Aube. Dans l’autre sens, la littérature française connaît un essor dans les langues vernaculaires du Sud. Débout payé de Gauz (Le Nouvel Attila) vient de paraître en malayalam chez DC Books, l’organisateur du Kerala Lit Fest, et de nombreuses traductions sont en cours, à l’instar du dernier Maryse Condé ou Nathacha Appanah ».

Il est à prévoir un regain de publications dans les deux sens avec la mobilité de ces résidents qui séjourneront pour des durées allant d’un à trois mois dans leurs territoires respectifs. Une bande dessinée biographique du Gange incarné par la déesse Ganga est notamment en cours d’écriture par le duo Clément Xavier et Lisa Lugrin tandis que l’essayiste Corinne Morel Darleux situe son roman à paraître dans les forêts primaires du Kerala.

L’appel à candidatures est ouvert dans les deux sens jusqu’au 31 mai 2024 sur le site de l’Institut français en Inde.

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