Lundi, 16 h 30. La file s’allonge sans cesse devant la BPI. Quelques visiteurs renoncent en milieu de cortège, un se faufile discrètement au milieu du flot, mais la plupart persistent, les yeux dans le flou. Si l’entrée de la bibliothèque a été revue en début d’année, avec une amélioration des postes de contrôle Vigipirate, l’installation de deux portes à tambours, de nouveaux plots câblés ainsi que d’une canopée capable d’abriter environ 200 personnes, l’atmosphère qui se dégage de la file ne semble pas avoir évolué. Parmi les personnes interrogées ce jour, le constat est unanime : « On attend autant qu’avant », « jusqu’à deux heures » pour beaucoup, sur une moyenne d’une heure, dans tous les cas.
Et les conséquences peuvent se révéler peut-être plus problématiques qu’on ne le croit. « Attendre plus d’une demi-heure, c’est vraiment rédhibitoire » relate Anne, 55 ans, étudiante. Une récente étude IPSOS/NCR réalisée le 15 et 16 décembre 2006 confirme cette tendance. Sur 512 personnes interrogées, 70 % reconnaissent avoir déjà déserté une queue interminable. Les conclusions de l’étude, qui porte sur tout type de file, mettent en valeur des temps d’attente perçus comme raisonnables en terme de durée, mais insupportables en terme de stress.
Une proposition à revoir
La BPI du centre Pompidou a-t-elle eu vent de ces résultats ? Dans son dernier bulletin d’avril à juillet, elle justifie l’établissement du nouveau dispositif d’entrée par la volonté de « rendre l’attente plus digne » sans avoir « la prétention de résoudre tous les problèmes ». Aveu à demi-mot, car de réduction de la durée, il n’en est pas question.
Les utilisateurs ne sont pas dupes : « ils ont changé le matériel… C’est tout », poursuit Anne. Ils pointent par ailleurs quelques défauts du nouveau dispositif, à l’instar d’Edmond, 40 ans, chercheur : « Le couloir interne est aussi long que le couloir externe. En plein été, la chaleur pourrait rapidement devenir insupportable. » Il dénonce également « le facteur très aléatoire des compteurs, surtout en période d’examen, car une entrée n’est pas forcément synonyme d’une place occupée ». A l’inverse, « parfois on entre mais on ne peut pas s’installer », constate Clémentine, étudiante de 23 ans.
Pour autant, les visiteurs sont prêts à des sacrifices pour accéder à la BPI : ouverture tardive et profusion des documents sont les facteurs déterminants parmi les personnes interviewées. Si la BPI s’engage à diffuser une information sur les autres bibliothèques et centres d’information, le public ne semble donc pas prêt à déserter le lieu. Les utilisateurs devront ainsi continuer à se partager les 2 200 places assises, pas une de plus.