« Ce projet est parti d'un désir de réconcilier la littérature et la vie », confie Pierre Poligone à Livres Hebdo. À 32 ans, le fondateur de la maison d'édition 49 pages entend dédramatiser la littérature et rendre le livre accessible.
49 pages repose sur un concept bien précis : tous les livres comptent 49 pages, avec 48 pages de texte et une carte postale à la fin. La maison éditera un livre par mois avec un tirage à 949 exemplaires et a pour distributeur Dod&Cie. La direction artistique est assurée par la maison Sz, fondée par Esther Szac.
Pierre Poligone, universitaire et auteur d'une thèse en littérature comparée, a déjà de l'expérience dans l'édition, ayant travaillé en freelance dans d'autres maisons comme Les petits Platons.
En 2012, il a cofondé la revue d'actualité culturelle Zone Critique avec Sébastien Reynaud. « Zone Critique, c'est ce qui m'a permis d'apprendre. Avec la revue, on allait de la conception à la distribution ». Mais ce n'est pas tout, Zone Critique a aussi lancé une collection de petits livres autoédités : Vrilles.
En avril 2025, Pierre Poligone a quitté Zone Critique pour se consacrer pleinement à l'édition : « Là, je voulais engager les libraires, aller plus loin, me professionnaliser ».
La première collection de 49 pages s'intitule « départ de feu » et se concentre sur « un moment de vie où tout bascule ». Elle a pour directeurs Victor Dumiot et Pierre Chardot.
Format atypique
Pierre Poligone défend son format. Vendus 7,49 euros, les livres seront présents en librairie mais aussi sous forme d'abonnement avec trois formules : 49 euros pour six mois, 94 euros pour un an et 490 euros à vie. Les chiffres sont récurrents chez 49 pages.
La collection est accessible par le prix, mais aussi par la longueur. « Le fait d'être éditeur prolonge le fait d'être lecteur, ce sont des textes que j'aurais aimé lire ». Les premières parutions en janvier 2026 incluent L’avenir de la littérature de Miki Liukkonen, La vallée des larmes d’Ève Guerra, lauréate du prix Goncourt du premier roman 2024 et Le nom de la bataille de Tom Buron.
Un exercice pour les auteurs
49 pages défend aussi son concept auprès des auteurs, « Les formes brèves permettent l'expérimentation, le lecteur supporte plus un texte déstabilisant sur un format court ». Pierre Poligone entend s'adresser à des auteurs qui ont déjà une légitimité et leur proposer de s'adonner à un exercice particulier, effectuer « un pas de côté » par rapport à leurs travaux habituels.
Il prend l'exemple d'Ève Guerra avec son livre à paraître, et explique que la forme lui a permis d'exprimer une écriture plus décalée. Cette contrainte de format ne semble pas représenter un obstacle pour Pierre Poligone, qui estime qu'elle permet de se poser la question de la nécessité de chaque mot, exercice auquel les auteurs se plient volontiers.
« Réconcilier la lecture et la vie »
Redonner le goût de la lecture à ceux qui l'ont perdu avec des formats décalés et accessibles, voilà ce qu'ambitionne 49 pages. Ainsi se dégage une ligne directrice chez le jeune éditeur, qui après avoir passé beaucoup de temps dans les salles de classe, remarque un « rapport trop scolaire » à la littérature. Ce sont donc des petits livres ludiques, mais tout de même ancrés dans la littérature, qui pourront être proposés en livres de caisse.
La maison d'édition a déjà pour projet une autre collection rassemblant plusieurs essais d'intellectuels qui parlent de l'œuvre qui a changé leur regard sur la vie. 49 Pages prévoit aussi la création d'un podcast qui fera, vous l'aurez deviné, 49 minutes.
