Rentrée littéraire 2021

Vincent Hein, « La disparition de Jim Thompson » (Arléa) : Les barbouzes

Vincent Hein - Photo © Raphaël Fournier

Vincent Hein, « La disparition de Jim Thompson » (Arléa) : Les barbouzes

Vincent Hein reconstitue la vie de Jim Thompson, qui fut espion puis richissime businessman, et tente d'élucider sa mystérieuse disparition. Tirage à 2000 exemplaires.

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Par Jean-Claude Perrier
Créé le 31.08.2021 à 12h44

Vincent Hein est un écrivain rare, dont toute l'œuvre, depuis le superbe À l'est des nuages. Carnets de Chine (Denoël, 2009, Arléa-Poche, 2011), est nourrie par l'ailleurs. La Côte d'Ivoire, où il a vécu enfant, et surtout l'Asie : la Chine, où il fut diplomate, et, ici, la Thaïlande et la Malaisie. Avec une évidente gourmandise dans l'écriture, ces énumérations, ces mots précieux, ce plaisir dans les descriptions, Vincent Hein est un écrivain des tropiques, de la mousson.

Le voici parti sur les traces d'un personnage réel, Jim Thompson, un Américain né en 1906, connu comme richissime homme d'affaires, collectionneur d'art asiatique, industriel de la soie, qui vivait comme un Des Esseintes dans sa maison sur pilotis du vieux Bangkok, au bord d'un klong, un canal, où il recevait des célébrités de passage, Somerset Maugham, Truman Capote, Cecil Beaton ou encore Robert Kennedy. Tiens, tiens. Il se trouve, on l'apprendra à la toute fin, que Thompson a été lié aux Kennedy, c'est peut-être même ce qui a causé sa disparition - son élimination ?

Car avant d'être un nabab esthète, Thompson avait été soldat et, surtout, agent de haute volée des services secrets américains, OSS puis CIA. Il était au courant de pas mal de coups tordus, de secrets sur la Corée, le Vietnam, ou le massacre de la plaine des Jarres, au Laos. Et peut-être savait-il aussi qui a commandité l'assassinat de John Kennedy. La CIA, semble-t-il. En tout cas, le 27 mars 1967, alors qu'il séjournait chez son ami Ling, un chimiste chinois et son épouse Helen, antiquaire, à Cameron Highlands, une enclave très british de Malaisie, Jim Thompson disparaît sans laisser de traces. Malgré les battues de la police, l'enquête de son ami journaliste Alexander MacDonald (ancien de la CIA aussi) et les années, nul n'a plus jamais entendu parler de lui. Sa sœur Katherine Wood a été massacrée chez elle, dans le Delaware, le 7 août 1967. Liquidation du dernier témoin, ou avertissement ? Il semble que Thompson ait payé son soutien à son ami Luong Pridi, ancien premier ministre thaïlandais exilé en Chine. Mort à Paris en 1983, celui-ci n'a jamais parlé. Quant à la maison de Bangkok, c'est aujourd'hui un musée, géré par une fondation.

Vincent Hein
La disparition de Jim Thompson
Arléa
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 17 € ; 192 p.
ISBN: 9782363082725

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